Arbas

La commune et l’église (Extraits de l’ouvrage Le canton d’Aspet)

Le village d’Arbas et la rivière qui le traverse, peu après sa source, portent le même nom.
Historiquement, Arbas est lié à Aspet, même si, géographiquement, il s’en distingue. En effet, l’Arbas est un affluent du Salat, qui se jette dans la Garonne vers Salies. On passe de la vallée du Ger à la vallée de l’Arbas par le Col de Larrieu.
Population : 1776 : 291 feux* ; 1793 : 785 habitants ; 1831 : 1138 ;1911 : 551 ; 1982 : 179 ; 1990 : 158 ; 1999 :186. Altitude : 407 m.
L’origine du mot ne fait pas l’unanimité. E. Nègre (op.cit.) (n° 21134) fait référence au terme “ Arbast ”, qui désigne un mauvais fourrage. Il fait le rapprochement avec le terme “ rabast ”, qui signifie “ rebus, déchet ” en languedocien. Pour Dauzat (op.cit.), il s’agirait d’un nom d’homme gaulois : “ Arbacius ”.
Castillon d’Aspet (op.cit.) avance une tout autre origine. Il considère que le terme proviendrait du nom de la tribu qui occupait le pays au moment de l’invasin romaine, les “ Arrevacci ”. Il se demande aussi si la découverte d’un autel votif (documenté) dédié aux “ six arbres ” (sex arboribus) ne constituerait pas une explication valable. Dufor retient cette hypothèse en parlant d’une “ colonie d’Arevaces, venus d’Aquitaine à la suite de Sertorius ”.

Jalons d’histoire

L’année 1311 est une date charnière dans l’histoire d’Arbas. Cette année-là, en effet, les religieuses de Longages vendent la seigneurie d’Arbas à Roger et Raimond-At d’Aspet et à Adhémar de Mauléon, moyennant une rente annuelle de 400 sols tolzas.
Les religieuses installées à Longages, près de Muret (31), dépendaient de l’Ordre de Fontevraud. Cet Ordre avait été fondé en 1101 par un prêtre breton, Robert d’Arbrissel, précisément à Fontevraud, en pays angevin. Cette fondation était unique en son genre, puisqu’elle accueillait, en cinq bâtiments distincts, différentes communautés : les religieuses contemplatives, les religieuses converses, un hôpital pour malades et infirmes, une léproserie et enfin des frères, prêtres ou convers.
L’ensemble était dirigé par une abbesse, en général issue de la haute noblesse. Aliénor d’Aquitaine y finit ses jours et les ducs d’Anjou en firent leur nécropole.
Ch. Higounet (Le comté de Comminges) parle (p. 345) de “ la petite maison conventuelle de Longages, qui au XIVe siècle partageait avec le roi la seigneurie de ce village, et dont dépendait dans le haut pays le prieuré d’Arbas ”.
P.-E. Ousset (op.cit.) parle des “ religieuses de l’abbaye de Longages, qui avaient là un monastère ”. Il s’agit là, nous semble-t-il d’une simple formule. C’est plutôt la version d’Higounet qui doit être retenue.
Après la vente et l’incorporation à la baronnie d’Aspet, les religieuses n’abandonnèrent pas totalement Arbas puisqu’elles conservèrent une présence spirituelle. Jusqu’à la Révolution, la paroisse sera desservie, non pas directement par un moine, mais par un “ vicaire perpétuel ”, nommé par le prieur de Longages.
Un lieu-dit de la commune, aujourd’hui dans un site boisé, porte le nom de “ camin det mounje ” (le chemin du moine).
Depuis cette date, Arbas suit donc le sort de la baronnie d’Aspet. En 1519, Germaine de Foix, seigneuresse d’Aspet, fait don à Jean de Villemur Saint-Paul, son gouverneur pour la baronnie, de la forêt d’Arbas.
En 1572, Jean de Sieuras, petit-fils de Jean de Villemur, inféode*, audit lieu, les hameaux de Bazerque Labaderque) et de Hougaron (Fougaron).
En 1589, Marguerite de Villemur, dame de Montastruc, “ baille en lad. forêt un terroir pour verreries ” Mais la donation de Germaine de Foix est contestée par les barons d’Aspet qui lui succèdent, jusqu’à Henri III de Navarre, le dernier baron. Finalement, en 1612, après le rattachement de la baronnie à la Couronne, la reine Marie de Médicis reconnaît les droits de Roger de Bellegarde, descendant des Villemur-Saint-Paul.
A cette même date, la seigneurie proprement dite d’Arbas est attribuée à César de Tersac, arrière-petit-fils du bénéficiaire de la donation de 1519, qui est déclaré seigneur d’Arbas, Montastruc et Rouède, en paréage* avec le roi.
En 1643, son fils achète la part du roi à Arbas, mais Louis XIV rachète la seigneurie en 1667. “ Vers la fin du XVIIe siècle, note P.-E. Ousset (op.cit.), Arbas passe aux de Garaud-Vieillevignes, par le mariage de Thérèse de Tersac avec Henri de Garaud. ” Une de leurs petites-filles, Marie de Garaud, épouse Blaise de Panetier de Mongrenier, qui succède à son beau-père comme seigneur de Montastruc et d’Arbas. Son fils, le comte J.A. de Panetier de Montgrenier sera, en 1789, le dernier seigneur baron d’Arbas, Montastruc, Rouède, Chein et Fougaron.
Il convient de rappeler ici l’histoire d’une aute famille, celle des de Grenier, seigneurs de Gourgues.
Jules Dupin, en reprenant un travail de l’abbé Daran, consacre plusieurs chapitres de son ouvrage Célébrités du canton d’Aspet, à la famille de Grenier. La famille était originaire du Quercy. En 1453, sous le règne de Charles VII, ils établissent un centre verrier à la Grésine, entre Montauban et Albi. C’est au début du XVIe siècle qu’ils s’intéressent à la région pyrénéenne. On sait d’une part que l’industrie du verre demandait une importante quantité de bois et que les vastes forêts de la région d’Arbas présentaient, de ce point de vue, un intérêt évident ; et d’autre part que la fabrication du verre exigeait une autorisation royale qui était seulement donnée à des «gentilshommes».
Le privilège concernant la fabrication du verre était dans la famille de Grenier depuis Saint Louis. C’est ce roi qui avait accordé à la famille «une exemption du tout impôt dans la fabrication du verre». Le privilège sera maintenu par tous les rois de France par lettres patentes. Les dernières, émanant de Louis XV, sont rappelées en 1753.
C’est en 1498 que Jean de Grenier établit une verrerie à Gourgues, près d’Arbas, et une autre à Montastruc, qui se maintiendront dans la famille jusqu’à la Révolution. En 1678, Jean de Grenier se voit reconnaître ses titres nobiliaires.
Nous avons rappelé plus haut qu’en 1568, Marguerite de Villemur avait donné «un terroir pour verrerie dans la forêt d’Arbas»
Joseph de Grenier, syndic des verriers de Comminges, meurt en 1782. A la Révolution, le château proprement dit est vendu et démoli mais les verreries seront sauvées.
Depuis la création des cantons, à la Révolution, Arbas (avec Fougaron et Herran comme hameaux) fait partie du canton d’Aspet. Mais cette dépendance n’a pas toujours été acceptée. Comme nous l’avons dit, la vallée de l’Arbas débouche sur celle du Salat, et donc sur Salies-du-Salat. Entre Arbas et Aspet, il y a un col, le Col de Larrieu par lequel les liaisons ne sont pas faciles, surtout l’hiver.
Les premières tentatives de rattachement d’Arbas et de Chein-Dessus à Salies-du-Salat datent des années 1850. Elles échouent, mais un nouvel essai est tenté en 1901 à l’occasion de l’installation d’une Gendarmerie à Arbas. Au lendemain de la guerre 39-45, la question est de nouveau à l’ordre du jour, mais l’argument de l’isolement tombera grâce à la construction d’une véritable route entre Aspet et Arbas par le col de Larrieu.

Eglise de la Nativité

L’église paroissiale d’Arbas est placée sous le vocable de la Nativité du Sauveur (Noël). L’église paroissiale est construite sur les bords de la rivière Arbas. Est-ce le premier édifice religieux ? Le curé de la paroisse en doutait en 1901, pensant que le premier lieu de culte était la chapelle Sainte-Anne, aujourd’hui disparue, dont nous parlons plus loin.
L’Association Mémoire d’Arbas a publié plusieurs études sur l’église. C’est à ces publications que nous empruntons une partie de ce qui suit.

Historique

La présence d’une fondation religieuse au XIIIe siècle incite à penser qu’il y avait déjà une église à Arbas, à moins qu’il s’agisse de ce qui est devenu la «chapelle» Sainte-Anne.
Le Censier de 1387 donne les indications suivantes sur Arbas, qui faisait partie de l’archiprêtré d’Izaut : «Dominus (...) vicarius (...) Et pertinet Priori de Longaticis Fontis Ebrandi et institutio ad Dominum Episcopum Convenarum et est semper Rector Monachus dicti Conventus». «Le sieur (...) vicaire (...). Appartient au prieur de Longages de Fontevrault et pour l’institution au seigneur évêque des Convènes et le recteur de ce couvent est toujours un moine.»
Ce qui veut dire, en clair, que le responsable de la paroisse était un moine de Longages, mais qu’il était représenté sur place par un «vicaire perpétuel». Ce qui indique qu’il n’y avait pas de fondation monastique à Arbas.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que des travaux importants modifieront complètement la physionomie de l’édifice. Jusque là, l’église avait un clocher-pignon à trois ouvertures, comme l’ensemble des églises voisines.
On a toutes raisons de croire que l’église primitive a été remaniée au XVIe siècle, avec réemploi de certains éléments. On a conservé, en particulier, un bénitier roman. Il est possible que l’ornementation originale des fenêtres date des remaniements effectués au XVIe siècle. Des réemplois sont visibles surtout à l’abside.
C’est dans la période 1905-1908 que les travaux de transformation eurent lieu, en particulier la surélévation de la nef et la construction d’un nouveau clocher, la nouvelle nef ayant pratiquement englobé le clocher-pignon existant. Le porche-galerie disparaîtra au même moment.


Bulletin n° 2 (nouv. série) : Echos d'Arbas à la veille de la Révolution

La Communauté d'Arbas a dépendu d'abord des religieuses de l'abbaye de Longages, qui y avaient établi un monastère, vraisemblablement au début du XIIIème siècle.
En 1247 ces religieuses concèdent aux habitants une charte des coutumes, qui sera confirmée par dame Barrave, seigneuresse d'Aspet, en 1397.
En 1311, les religieuses cèdent la seigneurie aux co-seigneurs d'Aspet, Roger et Raymond At, et à Adhé-mar de Mauléon, seigneur de Montastruc, moyennant une rente annuelle.
La seigneurie passera ensuite entre diverses mains. Le dernier seigneur d'Arbas, de Montastruc, de Rouède, de Chein et de Fougaron (en paréage avec le roi) sera, en 1789, le comte de Manetier de Montgrenier.

Arbas : la montagne creuse

C'est sous ce titre que la Revue de Comminges, dans son numéro du 4ème trimestre 1998 publie un article de Jacques Jolfre qui fait un historique fort documenté sur l'ensemble des richesses souterraines du massif de l'Arbas.
L'histoire commence en 1873, avec des naturalistes toulousains à la recherche d'insectes cavernicoles. Elle se poursuit durant tout notre siècle, sous l'impulsion première de Martel, en 1908. Les découvertes n'ont pas cessé depuis.
Citons la conclusion de l'article : "A ce jour, 39 gouffres débouchent dans ce réseau Trombe qui totalise 92 kilomètres de développement (le plus long réseau de France) et atteint 1 004 mètres de profondeur (le 6ème le plus profond).
Grâce à ces 39 "portes d'entrée", on peut effectuer toute une foule de "traversées" sous la montagne... La traversée intégrale (du plus haut au plus bas qui est Pène-Blanque, et non le Goueil-di-Her en raison des siphons) emprunte 7 à 8 km du réseau pour 966 mètres de dénivellation (la quatrième traversée du monde !).
Les noms de Norbert Casteret et de notre compatriote Félix Trombe sont liés à l'ensemble des explorations de cette "montagne creuse".
Une lecture qui précisera les vagues notions que nous avons (presque) tous, plus ou moins !
(Revue de Comminges et des Pyrénées centrales, Trimestriel, B.P. 15 - 31801 Saint-Gaudens cedex)