Couret
Bulletin n° 11 : Couret : Jalons d'histoire
Bulletin n° 11 : Derniers regards (provisoirement) sur Ganties-Couret)
Voir brochure "Tours et châteaux" : notice sur le château de Couret
Voir brochure "Préhistoire et thermalisme"

Village et château

Le village de Couret est dominé par un ancien château occupé actuellement par l'école et la mairie.
La construction actuelle date, pour l'essentiel, du XVIIème siècle. C'est en 1667 qu'on parle pour la première fois d'un château à Couret. Sur la façade arrière (peu accessible) on voit encore deux tours d'angle et des traces d'un chemin de ronde.
La seigneurie de Couret a été achetée par Etienne-Jean-Fabien de Ribet, juge royal à Aspet, en 1741. Auparavant elle avait appartenu à la famille d'Ustou.
Fabien de Ribet possédait à Aspet une maison avec tour, rue St-Martin.
Ce sont les "de Ribet" qui organiseront, en 1837, le premier établissement thermal situé sur la commune.
L'église offre peu d'intérêt. A noter seulement une croix érigée dans le cimetière en 1793, en pleine révolution, deux statues (éléments de retable) de St Blaise et de la Vierge, un bénitier de marbre beige à godrons et un Christ en bois peint d'origine incertaine.

Les bains de Couret

L'eau thermale formait un petit lac (aujourd’hui disparu), le Lac Bagnis, qu'on a cru longtemps alimenté par deux sources toute proches, l'une sur le territoire de Ganties, l'autre sur celui de Couret.
La famille Ribet, descendante des seigneurs Ribet de Couret possédait, outre le château qui domine le village, des propriétés qui s'étendaient jusqu'au bord du lac Bagnis, où surgissaient les eaux thermales. En 1836, elle construit, sur le territoire de la commune de Couret, un établissement, qui comportait 12 baignoires, et qui semble avoir fonctionné sans autorisation d'exploitation. Mais son existence est connue : en effet, une des raisons invoquées par l'Administration pour refuser l'aide financière sollicitée par M. Dencausse est précisément que "le groupe parallèle se développe beaucoup et est mieux organisé pour accueillir les malades". Ce "groupe parallèle" c’est précisément celui de Couret.
Par la suite, au gré des alliances, les deux établissements thermaux seront regroupés.
L'autorisation d'exploitation ayant été demandée pour l'eau de Ganties", le village s'appellera, un temps "Ganties-les-Bains".

Histoire de Couret

Le Comté de Comminges et la baronnie d'Aspet
La Baronnie d'Aspet
Les seigneurs de Couret
La famille de Ribet
La vie à Couret après la Révolution
Evolution de la population
La paroisse de Couret

Le Comté de Comminges et la baronnie d'Aspet

Au Moyen-Age, deux structures politiques se partageaient la région de Couret : le Comté de Comminges et la Baronnie d'Aspet.
Ces structures politiques s'étaient constituées peu à peu et elles évoluaient sans cesse, au gré des guerres, des mariages, des cessions, des partages... Il ne faut donc pas imaginer le Comté de Comminges ou la baronnie d'Aspet comme les arrondissements ou les cantons d'aujourd'hui.
Au XIVe siècle, la Baronnie d'Aspet comprenait à peine la moitié du canton actuel, mais, par contre, elle s'étendait beaucoup plus loin à l'est, englobant par exemple Pointis-Inard, Labarthe-Inard ou Saleich sans compter des villages qui sont aujourd'hui en Ariège.
Les autres communes du canton actuel (sauf Encausse) appartenaient au Comté de Comminges : Couret était de celles-là.
Le Comté de Comminges était divisé en châtellenies. C'est de la châtellenie de Salies que dépendait Couret. Par contre, le "pays de Thou" (Juzet, Cazaunous, Arguenos, Moncaup) dépendait de la châtellenie de Fronsac.
Les châtellenies constituaient des circonscriptions administratives et des centres de défense. Elles étaient gouvernées par un "châtelain", qui représentait le seigneur et qui gouvernait un château-fort.
Vers 1450 le Comté de Comminges est réuni à la couronne de France, perdant de ce fait son autonomie. Couret est donc placé sous le pouvoir direct du Roi.

La Baronnie d'Aspet

La plupart des villages qui entourent Couret appartenaient à la baronnie d'Aspet. Plus original : le hameau actuel appelé Escach figurait comme "communauté" de la baronnie d'Aspet dans les premiers documents que nous possédons. Au XIVe siècle, son nom disparaît des listes. (Un hameau d'Aspet porte aussi le nom d'Escach, mais il est vraisemblable que la communauté médiévale correspondait au hameau actuel de Couret).
Le dernier baron d'Aspet sera Henri III de Navarre, qui deviendra Henri IV de France. La baronnie d'Aspet restera indépendante jusqu'en 1606, date à laquelle elle sera réunie à la Couronne, en même temps que le Nébouzan.
Mais le pouvoir royal ne modifiera pas profondément les situations antérieures. Aspet deviendra le siège d'une "châtellenie", le mot ayant maintenant un sens nouveau, les châtellenies constituant des divisions administratives Elle était beaucoup plus vaste que l'ancienne baronnie, mais Couret n'en faisait toujours pas partie et le village continuait à dépendre de Salies, comme Soueich, Rouède et Figarol.

Les seigneurs de Couret

Sous l'Ancien Régime, les charges (de juge, de notaire royal, etc.) étaient héréditaires. Elles se transmettaient de père en fils. La plupart d'entre elles étaient achetées au Roi, qui "vendait" aussi des seigneuries. Dans ce cas, les seigneurs exerçaient souvent leur autorité "en paréage" avec le Roi. Par ailleurs, les Commandeurs de Montsaunès (fondation initiale des Templiers) possédaient des droits particuliers à Couret, comme à Soueich ou à Arbon.
La seigneurie de Couret passera de mains en mains au gré des fortunes (ou des infortunes) des familles qui acquéraient ou vendaient des "terres nobles". On signale un "noble Jehan de Mauléon" comme seigneur de Couret, d'Estancarbon et Ganties en 1509, un autre du même nom en 1540, où il tient la moitié de la place, soit onze prés, deux champs, un moulin, etc. Comme co-seigneur, il reçoit cinq petits écus, un cestier d'avoine, trois paires de poules, plus 25 cestiers de grain pour le moulin.
En 1623, Jean de Tersac vend la seigneurie de Couret à la famille d'Ustou. Pierre d'Ustou, en 1633, dit posséder noblement la place et seigneurie de Couret avec droits de justice haute, moyenne et basse et faculté de créer deux consuls. En 1667, Jean d'Ustou se dit seigneur de Montgaillard, Couret, Estadens et autres lieux. C'est en 1667 qu'il est fait mention pour la première fois du château sis sur une montagne, avec basse-cour, écuries, jardin, une pièce de bois, deux moulins sur un petit ruisseau, tout auprès du château.
En 1720, vente de la seigneurie à Marc-Antoine de Garaud-Vieillevigne, baron de Montastruc (seigneur aussi d'Arbas et de Rouède).
Entre 1737 et 1741 diverses tractations ont lieu, qui ne sont pas rapportées exactement de la même manière par Jules Dupin (Revue de Comminges 1973) et par P.-E. Ousset (Revue de Comminges 1943). Ce qui est sûr c'est que Blaise de Mauléon-Narbonne vendra à Etienne-Jean-Fabien de Ribet, juge royal à Aspet "la terre et seigneurie de Couret en Commenge", pour 18 300 livres.
L'ancien château, vraisemblablement aménagé en demeure au XVIIe siècle, abrite aujourd'hui la mairie et l'école. Le pigeonnier (dont une partie a été conservée lors de l'aménagement de la salle des fêtes) était à côté du bâtiment principal (comme on le sait, le droit de pigeonnier était un privilège de la noblesse). Il y avait aussi une petite tour (poste de guet ?), en avancée, qui a été démolie il y a quelques années à peine.

La famille de Ribet

Lorsqu'il acheta la "terre de Couret", Etienne-Jean-Fabien de Ribet était juge royal à Aspet, où il possédait  dans le haut de la rue Saint-Martin (actuelle Grande Rue) une belle demeure avec tour, qui existe encore.
L'achat avait eu lieu en 1741. En 1775, Jean-Fabien succède à son père Etienne-Jean-Fabien. Mais le "règne" de la famille de Ribet sera de courte durée, puisqu'à la Révolution les nobles devront abandonner leurs domaines. On raconte qu'au moment de son départ, Jean-Fabien de Ribet rencontra un paysan nommé Augustin, à qui il annonça son départ. "C'est vrai, Monsieur, que vous nous avez rendu de grands services pendant que vous étiez notre maître, dira le paysan, mais le plus grand que vous puissiez nous rendre aujourd'hui, c'est de partir".
Les rapports entre les seigneurs et la population n'avaient pas toujours été sereins. On rapporte (Jules Dupin s'en fait l'écho dans son ouvrage sur les personnalités disparues du canton d'Aspet) qu'une famille du village, avait voué une véritable haine au seigneur, ce qui prouve que les idées d'émancipation qui ont trouvé leur réalisation dans l'idéal révolutionnaire, avaient déjà trouvé des échos dans les campagnes.
Un certain Jean-Antoine Duffour vint, un dimanche de 1777, narguer le seigneur dans l'église au moment de la messe. Malgré les remontrances des consuls, il récidiva le dimanche suivant, soutenu d'ailleurs pas son frère. Le seigneur porta plainte auprès du Sénéchal de Pamiers, mais on ignore quelle suite elle eut (et même si elle en eut une).

La vie à Couret après la Révolution

On conserve dans le cimetière une croix de pierre érigée en 1793. Ceci semble prouver que la Révolution ne fut pas dramatique à Couret : le temps était plutôt, en effet, à la destruction des signes religieux existants qu'à leur édification.
Après la Révolution, une partie de  la famille Ribet revint au château, mais elle avait abandonné la particule pour redevenir "Ribet". Ce sont les Ribet qui organisèrent le premier établissement thermal situé sur la commune, vers 1837. L'établissement connut une certaine prospérité, mais des revers de fortune amenèrent la vente de l'ensemble des biens fonciers. Le château, acheté par la commune autour de 1870, abrita d'abord l'école, puis aussi la mairie.

Evolution de la population

Nous connaissons l'évolution de la population sur une assez longue période. Le chiffre de 1741 (220) doit être pris comme une approximation. A partir de 1793, le comptage est beaucoup plus rigoureux.
Comme dans la plupart des villages de la région, le chiffre le plus élevé est atteint en 1836, avec 480 habitants. Le recensement de 1982 indique à peine plus de 200 habitants. Cette diminution est modérée, si on la compare aux autres villages du canton. Les villages qui ont subi la plus forte baisse sont ceux de la zone la plus montagneuse, où la culture de la pomme de terre mit du temps à s'implanter et où l'interdiction de la dépaissance (libre pacage dans les forêts domaniales, utilisé surtout par les familles sans terres) amena une forte diminution du cheptel ovin et porcin. Arguenos, par exemple, est passée de 658 habitants en 1846 à 45 en 1982.
Les difficultés de subsistance provoquèrent un fort mouvement d'émigration, qui avait commencé avant la Révolution et qui affecta  essentiellement les villages de montagne. Couret n'ignora pas ce phénomène, qui resta pourtant assez marginal.
Si dans les villages des hautes vallées les déplacements (saisonniers ou définitifs) se faisaient vers l'Espagne ou l'Amérique, pour Couret, comme pour Ganties ou Soueich, il s'agira plutôt de commerce itinérant (sur les foires et les marchés dans l'ouest ou dans le nord de la France). Ce phénomène, plus tardif que le premier prit surtout de l'ampleur vers la fin du siècle dernier et il se poursuivra jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
La politique du "fils unique", qui correspond à une certaine déchristianisation (qui ne considérait plus les enfants comme une "bénédiction du ciel"), mais qui répondait aussi à un souci de maintien du patrimoine foncier, est très sensible dans une région marquée par le radicalisme. 1936 représente le creux majeur, avec seulement 180 habitants.

La paroisse de Couret

Couret est un village à étages. Tout en haut, le château, au milieu une longue rue et près du ruisseau, l'église.
L'église de Couret, en effet, n'est pas "dans" le village, mais à côté. On peut se demander pourquoi. Le ruisseau, c'est celui de Saint-Paul, qui sort de terre au-dessous du sanctuaire dédié à l'apôtre, à quelques kilomètres seulement. Est-on en présence de la christianisation d'une vénération des sources ? Il est à noter que les scientifiques reconnaissent à l'eau du ruisseau de Saint-Paul une originalité réelle (richesse en rayons "gamma"). L'église actuelle de Couret est-elle, elle aussi, le témoignage d'une dévotion ancienne ? Il est difficile de le dire.
L'édifice actuel est assez récent : il date du XVIIIe siècle et il ne garde aucune trace de constructions plus anciennes. La nef fut surélevée en 1845, la sacristie agrandie et le porche démoli. Par contre il conserve des éléments d'un retable de bois doré du XVIIIe siècle, dont faisaient peut-être partie les statues de Saint Blaise et de la Vierge à l'enfant. On remarquera aussi un bénitier de marbre beige à godrons, sous la tribune et un Christ en bois peint, dont l'origine est difficile à déterminer.
Au XIVe siècle, Soueich, Lespiteau des Ormeaux et Couret formaient une seule paroisse, desservie par un curé et un vicaire.
A la Révolution, "l'annexe" de Couret était desservie par un vicaire. Comme la plupart de ses collègues de l'archiprêtré d'Izaut (24 jureurs sur 27), le curé Sarrat jura fidélité à la Constitution civile du clergé. Le curé et le vicaire de Soueich avaient fait de même.
Au milieu du XIXe siècle le nombre de prêtres augmenta considérablement. Au moment où fut construite la chapelle des Bains (1843-1846), Couret, devenu paroisse, avait un curé et un vicaire.
Au moment de la guerre 39-45, il y avait déjà longtemps que Couret n'avait plus de curé résident.