Encausse-les-Thermes
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Bulletin n° 11 : Premiers regards sur Encausse-les-Thermes
Bulletin n° 1 (nouv. série) : Les bienfaits des eaux d'Encausse
Bulletin n° 7 (nouv. série) : Les bienfaits des eaux d'Encausse
Le canton d’Aspet a possédé deux stations thermales, aujourd’hui fermées (Encausse et Ganties).
En 1997, Marie-Laure Pellan (voir brochure) a consacré un livre au village d’Encausse, sous le titre : "Encausse-les-Thermes, hier et aujourd’hui, visages d’un village du Piémont pyrénéen".
Pompée a-t-il fait boire ses chevaux dans les eaux d’Encausse ? On le dit. Mais on n’en a pas de preuves.
Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’Encausse comptait au XVIème siècle parmi les stations pyrénéennes les plus réputées. C’est une des premières, en France, à avoir fait l’objet d’études "scientifiques". Marguerite de Valois, épouse d’Henri IV, y fera une cure.
Le poète Du Bartas lui a consacré quelques vers. Goudouli a évoqué les mérites de ses eaux.
L’établissement thermal que l’on voit encore aujourd’hui est l’oeuvre de l’architecte Chambert (à qui l’on doit aussi l’établissement de Luchon).
Le fresquiste Nicolaï Greschny, appelé en 1949 à peindre le baptistère de l’église paroissiale d’Encausse, accepta d’orner la buvette des Thermes d’une ample fresque, à la gloire des eaux thermales. Ces fresques ne sont pas actuellement accessibles. Mais on peut espérer qu’une restauration interviendra bientôt pour qu’elles soient de nouveau offertes à la vue du public.
baigneuse 19 Ko
Le village a gardé les belles allées ombragées qu’appréciaient tant les curistes. La station a cessé de fonctionner en 1968. L’ancien établissement thermal est aujourd’hui la propriété de la commune.
Au-dessus du village on voit encore les restes du château du Plech. La famille noble des « d’Encausse » n’est pas éteinte. L’ouvrage de Marie-Laure Pellan en donne l’arbre généalogique.

La station thermale d'Encausse au XVIème siècle

Encausse est la première station française à avoir fait l'objet d'une étude "scientifique". Le «Discours des deux fontaines médicinales du bourg d'Encausse en Gascogne, à quatorze lieues de Tolouse - Ensemble septante-deux hystoires de la guérison de plusieurs grandes et difficiles maladies faictes par les eaues des dites fontaines», paraît en 1595.
L'auteur, Louis Guyon, exerce la profession de médecin à Uzerches. Une de ses clientes, Jeanne d'Espagne, épouse d'Henri de Noailles, a eu connaissance des bienfaits des eaux d'Encausse. Elle décide de s'y rendre et demande à son médecin de l'accompagner.

Arrivé à Encausse, Louis Guyon se rend compte qu'aucun médecin n'a encore écrit sur la vertu de ces eaux, et il se propose de "réparer cet oubli":  J'ai reconnu les beaux et utiles effets des eaux pour la santé des personnes et c'est pourquoi j'en veux écrire d'une façon désintéressée. Je ne désir aucun honneur et profit sinon que la prompte guérison de ceux qui s'y adresseront". Voilà le type même d'une volonté de démarche scientifique.
Louis Guyon s'interroge sur l'origine de la "mise en réputation" des eaux. Il apprend «que les eaux furent découvertes en 1576 par le moyen d'un pauvre homme qui avait eu les jambes enflées de tumeurs ou oedèmes. Il avait consommé tout son bien en médicaments. Passant par Encausse par temps froid, on lui conseilla de mettre les jambes dans un bourbier qui était presque ordinairement chaud. Ce qu'il fit». Notre homme passe l'hiver à Encausse. «Les boues desséchèrent ses jambes enflées et le firent guérir». Il peut de nouveau travailler.
Un certain Protonotaire fit faire quelques travaux pour séparer l'eau de la boue et pour faire couler l'eau par des "goulets de pierre". «Les habitants enseignaient à ceux qui venaient d'ailleurs le moyen d'user des dites eaux et des fanges».
Le petit livre du Dr Guyon précise la manière dont doit être conduite une cure : boisson, bains, etc, comment il convient de se nourrir. Notre propos n'est pas d'analyser le traité, mais nous ne pouvons résister au plaisir de décrire une manière particulière d'utiliser les eaux : par les belles après-midi, le long du ruisseau des fontaines, les patients se couvraient de fange cueillie sur place, s'en frottaient le corps entier ou seulement les parties douloureuses. Ils se couchaient ensuite sur des draps ou des couvertures, en se retournant de temps à autre. Quand la boue avait bien séché (au bout de deux heures environ), les baigneurs se faisaient frotter avec des linges très secs.

Sobriquets

Le n°7 du Bulletin de l’Association donne la liste des sobriquets des différentes « maisons » d’Encausse.
Cette liste était accompagnée de commentaires que nous livrons ici.
Les maisons de notables n'avaient pas de sobriquet : respectabilité oblige. En so de la demaïsello Déoux, en so de Lafount, en so de Dargut, en so de Darboun, en so de Dupac, en so de Doueil.
Lorsque les enfants faisaient souche ailleurs que dans la maison mère, ils emportaient parfois leur surnom dans leur nouvelle maison, précédé du prénom : Sabastian de Bagen, Pierre de Bagen, Pierre de Lapin, Etienne de Lapin... Ils conservaient les qualités originelles de la souche : Es de Petito, es de Lapin, es de Bagen.
Le surnom de la maison était essentiel dans la désignation des individus et permettait de les différencier de très nombreux homonymes, sans lien de parenté : (Larrieu) Parlantoun, (Larrieu) de Bagen, (Larrieu) de Manchouè, (Larrieu) de Mateloun.
Autres remarques
- Généralement les maisons des commerçants ou des artisans étaient désignées par le nom patronymique : en so de Soulès (charron - buvette), en so de Lasbats (épicerie - tabac - buvette), en so de Gramont (auberge). en so de Sost (épicerie), en so de Cerciat (épicerie)
- Les nouveaux implantés au village, acquéreurs d'une maison, perdaient le sobriquet ; sans souche locale, ils n'étaient pas facilement intégrés : En so de Maylin, en so de Rouède, en so de Camo, en so  d'Artigo.
Mais parfois ils imposaient le respect et la déférence par leur distinction. La maison portait leur nom, imprégnée de leur qualité : en so de Guinot, en so de Concarret, en so de Cistac.
- Quelques maisons portaient le nom du lieu-dit : Ena Sallo, Ena Aratet, Ena Molle, Ena Serro, sans autre sobriquet.
- D'autres pouvaient prendre le grade ou la fonction de l'occupant : En so de la Colonello (Cucuron) ; En so det Coumandant (Déoux) ; En so det Noutaïre ; En so det Doctur.
- A signaler l'élan de rénovation et de construction de 1865 à 1910, en raison de l'afflux de touristes. On a fait surélever pour louer une ou deux pièces. Les nombreux « voyageurs » ont fait bâtir. Apparaissait une mentalité de petits bourgeois : les sobriquets ne s'attachaient plus aux nouveaux murs. Autre mode de vie en parallèle.
- L'origine du sobriquet : elle pouvait être attachée au comportement : Es de Parlatoun ; Es de Folichon ; Es de Major... ("Es de" = "ceux de", "les gens de") Au lieu d'origine : Es de Bagen. A quelques traits physiques : Es de Petito ; Es de Manchouè . Au métier : Et Chauré, Et Taillur. Que d'autres origines intéressantes cachent : "es de Bélet, Es de Tétail ; Es de Lapin, Es de Pourret. Et encore : Es de Paouduchoun, de Garrouè, de Guidaou, de Mateloun, de Poncho, de Barraouet...
- Lorsqu'on parlait des gens de souche encaussaise, systématiquement était gommé le nom au profit du prénom et du sobriquet : Louis de Guidaou, Nini de Petito, Léon de Pourret, Janot de Folichon, Germain de Rosalie, Victor de Capdetto, Jean de la Molle, Albert de Bernadetto, Louisoun de Monchouè, Gratian de Tétaïs...