Juzet-d'Izaut
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Bulletin n° 5
(nouv. série) : Coutumes de Juzet ?
Voir brochure
"Tours et châteaux" : notice sur le château de la Molette
Histoire de Juzet
Les origines de Juzet
Etymoligie
La seignerie de Juzet
Le château de la Molette
Les relations entre les seigneurs et les paysans
Quelques vestiges
La charte de Juzet
Juzet sous l'Ancien Régime
L'administration communale
Les impôts
La justice
La vie quotidienne
Le niveau de vie
Une vie en autarcie
La vie religieuse à Juzet
L'église paroissiale
La tourmente révolutionnaire
La vente des biens nationaux
La vie quotidienne
Juzet à l'époque contemporaine
L'instruction publique
Route et équipement
La population
Le pic de Cagire
Histoire de Juzet-d'Izaut
La vallée du Thou réunit quatre villages :
Arguenos, Moncaup, Cazaunous et Juzet-d'Izaut. Juzet en est le plus important.
Blotti au pied de Cagire, il était souvent nommé sous l'Ancien
Régime : "Juzet de Cagire".
Juzet faisait partie du haut Comminges, pays dont l'individualité
est bien affirmée. Bien, qu'ayant vécu en autarcie jusqu'à
la Révolution, il a tout de même son histoire, que nous pouvons
reconstituer en partie, grâce à quelques documents parvenus
jusqu'à nous.
Trois sources peuvent être exploitées :
- les archives communales et départementales de la
Haute-Garonne,
- les travaux de l'abbé Ousset et la Revue de Comminges,
- la monographie de Monsieur Narthus, instituteur en 1885.
Les origines de Juzet
Nous ignorons les origines de Juzet, sa fondation et ses
premiers habitants. Il n'existe pas de vestiges, de légendes, de
traditions locales.
Etymologie
L'étymologie du nom est loin d'être évidente. On trouve
dans la région des noms d'origine celte, mais aussi des noms à
consonance latine. C'est à cela que se rapporte R. Lizop, qui voit
dans Izaut la contraction du terme latin "in saltus", c'est-à-dire
"pays compris dans le saltus". A côté des terres réservées
à la culture, existaient des zones, dans des régions de moyenne
montagne, avec de vastes pâturages, livrées au bétail,
à l'élevage. C'était le saltus. Dans la saltus devaient
exister des formes primitives d'établissement, avec des habitations
rudimentaires, des refuges. C'est peut-être là qu'il faut
chercher l'origine de "Juzet", lui attribuant ainsi une vocation pastorale.
Quant au nom de "Juzet", il est difficile de conclure. Il se peut que ce
nom vienne du latin "juxta", Juzet-d'Izaut signifierait "(situé)
près d'Izaut". Il faut cependant remarquer que la réunion
de ces deux noms n'apparaît que tardivement, aux XVIIe, XVIIIe siècles.
Les textes du XIVe siècle que nous possédons ne font état
que de "Juzet". De plus la charte d'Izaut (1250) ne fait pas mention de
Juzet.
C'est sans doute durant la période du haut Moyen-Age que Juzet
s'est individualisé d'Izaut et a pris son indépendance. Le
seul lien existant sera le rattachement de Juzet à l'Archiprêtré
d'Izaut.
La seigneurie de Juzet
Juzet représentait, sous l'Ancien Régime, une seigneurie
qui étendait son autorité et ses droits sur les quatre villages
de la vallée du Thou.
Si Aspet a constitué la seigneurie la plus importante du Comminges,
des seigneuries particulières, des coseigneuries, se sont établies
autour d'elle. Ce fut le cas de Juzet, avec la Seigneurie de La Molette.
Nous ne pouvons pas dater de manière précise l'origine
de cette petite seigneurie. Dans une sentence arbitrale de 1335, que nous
possédons, figurent les noms de quatre co-seigneurs : Raymond-Athon
d'Aspet, Bertrand de Capelle, Arnaud de Mont et Arnaud-Gacie de Cazaunous.
En 1402, les barons d'Aspet possédaient des droits à
Juzet. Dame Barrave, qui fonda la chapellenie d'Aspet, lui attribua les
censives acquises à Juzet.
En 1543, Claude de Foix-Lautrec fait prêter serment aux consuls.
Nos connaissances historiques sur les premiers seigneurs s'arrêtent
là.
Au XVIe la famille de Bilhères (ou Billères), qui réside
à Juzet au château de La Molette, donne deux seigneurs : Jacques
de Bilhères, puis son fils Raymond, dont la fille, Jeanne, épousa
en 1570 Pierre d'Ustou de Lamothe, lui apportant en dot le domaine de La
Molette. Dès lors, la seigneurie passe aux d'Ustou, créant
la branche d'Ustou de La Molette.
Durant 130 ans, cette branche nous donnera : Pierre d'Ustou, qui eut
onze enfants, parmi lesquels nous retiendrons Fritz, futur seigneur de
La Molette et Roger, qui sera chanoine puis Grand Archidiacre de Saint-Bertrand.
Pierre d'Ustou est mort en 1626. Fritz lui succède. Il épouse
Georgette de Mun dont il aura cinq enfants. Le second, Roger, "capitaine
des gens de pied" épousa Anne de Montlezun. Si Roger tenait garnison
à Metz, son épouse semble avoir résidé au château
de La Molette, ainsi qu'en témoignent un certain nombre d'actes
notariés. Roger meurt en 1658. C'est sa seconde fille, Paule, qui
lui succède. Elle meurt sans enfants en 1666. Sa soeur, dernière
fille de Roger, Marguerite d'Ustou, devient Dame de La Molette. Elle épousa
Jean-Jacques de Mauléon, seigneur de Barbazan.
Marguerite d'Ustou meurt sans enfants, en 1703. Par testament elle
avait laissé tous ses biens à son neveu Charles de Montlezun,
exempt dans la compagnie du Maréchal de Villeroy. De plus, ce testament
créait une rente annuelle de 900 livres, à prendre sur les
revenus de la seigneurie, pour entretenir trois prêtres devant évangéliser
la région et le Val d'Aran. Elle leur fixait pour résidence
le château de La Molette. Mais ce testament stipulait aussi que si
Charles de Montlezun mourait sans enfants, l'ensemble des biens de Marguerite
d'Ustou reviendrait au séminaire de Comminges. Charles mourut sans
enfants en 1706. C'est ainsi que les jésuites du séminaire
de Saint-Gaudens entrèrent en possession de la seigneurie de La
Molette. Ils en furent chassés par la Révolution.
Le château de la Molette
Matérialisant cette seigneurie, Juzet eut son château, le
château de La Molette (ou La Moulette). Bâti sur le territoire
de Juzet, il était situé sur la rive gauche du Job, au pied
du village de Cazaunous. Il a été rasé après
la Révolution et nous n'avons que peu de renseignements sur lui.
Ce n'était pas un ouvrage de défense, car il n'était
pas sur une position stratégique. C'était une belle demeure
seigneuriale à trois étages, avec en façade deux tours
aux angles et au centre une tour d'escalier. Il y avait en façade
"douze fenêtres de marbre, en croisées et demi-croisées".
Nous ne connaissons pas sa date de construction mais, dans le village
de Juzet, il existe des pierres de réemploi dont les moulures évoquent
le XIVe siècle.
A côté du château, il existait une chapelle. Roger
d'Ustou, fils de Pierre d'Ustou, était Grand Archidiacre de Saint-Bertrand.
Il mourut en 1626 et fut enseveli dans le choeur de la cathédrale.
Par testament, il dota la chapelle, créant la chapellenie de La
Molette. Le cartulaire de Larcher précise que "la nomination appartenait
à l'héritier d'Ustou et la collation au chapitre".
Sur le Job il y avait quatre moulins qui dépendaient du château.
Le nom de La Molette (ou La Moulette) vient de là sans doute.
Les relations entre les seigneurs et les paysans
Les relations seigneurs-paysans représentent un domaine essentiel
de la vie quotidienne.
Ils sont d'abord marqués par les droits seigneuriaux. Ils devaient
être lourds et durs à régler. C'est ainsi que nous
trouvons de nombreux actes notariés de reconnaissance de dettes
en faveur du seigneur. Cela est très fréquent lors du vivant
de Pierre d'Ustou.
Nous trouvons ensuite des procédures : c'est le seigneur qui
poursuit devant la justice des habitants qui se sont rendus coupables de
coupes sauvages dans les bois de Cagire. Ce sont les habitants de Juzet
qui contestent la qualité "noble" de certaines terres de La Molette.
Il existe une légende représentant le seigneur de La
Molette comme un homme très dur, terreur de la vallée du
Thou. Il s'agit probablement de Pierre d'Ustou qui consignait la moindre
dette devant notaire et dans son testament (1626) n'en fait aucune remise
aux habitants. Ce ne fut pas le cas de Marguerite d'Ustou qui, dans son
testament annula certaines dettes de la communauté (1 000 livres)
et créa une rente annuelle "de quarante livres pour être employée
en bouillons et autres besoins pour soulager les malades des quatre paroisses".
Quelques vestiges
Quelques vestiges subsistent à Juzet : les piliers d'un portail
sont ornés de moulures évoquant le XIVe siècle. Le
reste du porche vient de servir à la construction d'un four de campagne
! La colonie de vacances Air-France possédait une maison qui menaçait
ruine. Elle fut démolie. Mais à l'intérieur existaient
une cheminée de salle basse, en pierre et d'autres pierres de réemploi.
Qu'est-ce devenu ? Dans la maison "de Surgen", il existe sous la grange
une pierre de réemploi comportant, gravées, trois croix et
cinq clés. Cette pierre viendrait-elle du linteau d'un des moulins
?
La charte de Juzet
Juzet, comme du reste Cazaunous, eut une charte. Comme la plupart des chartes
commingeoises, elle devait dater de la fin du XIIIe siècle - début
du XIVe siècle. L'abbé Ousset nous dit que les villages du
Thou furent inféodés en 1305 et reconnus en 1318. J. Décap,
qui relève plus de 140 chartes dans le Comminges, ne fait pas mention
de la charte primitive de Juzet, mais des différentes confirmations.
En 1654, les soldats du régiment de Poitou, en garnison à
Juzet, mirent le feu à la maison commune. C'est sans doute ainsi
que la charte fut perdue.
Il existe, dans les archives municipales de Juzet, un texte daté
de 1335 et qui présente une grande importance, car c'est le texte
le plus ancien que nous possédons. Ce texte est la copie faite en
1806 d'un texte antérieur, lui-même copie d'un texte ancien
... Il est écrit en latin du XIVe siècle et présente
certainement, du fait des nombreuses transcriptions, des fautes qui le
rendent difficile à traduire. Vers 1335 survint un litige entre
les coseigneurs de Juzet et les consuls de la communauté, probablement
au sujet de l'inféodation et de l'exploitation des bois de Cagire.
L'affaire se régla par le prononcé d'une sentence arbitrale
de l'évêque de Couserans. Comment survint le litige ? Pourquoi
l'autorité religieuse et non l'autorité civile ? Pourquoi
l'évêque de Couserans et non l'évêque de Comminges
? Nous l'ignorons. Cette sentence comporte 23 items. Ils précisent
les redevances d'exploitation de la forêt, les glandages, les pâturages,
les coupes de bois. Il répartit les droits des coseigneurs (4/5)
et ceux des consuls de la communauté (1/5).
Cette sentence est également importante car, in fine, les coseigneurs
s'engagent à ne pas toucher "aux privilèges communautaires,
libéralités, coutumes écrites et usages approuvés
et généralement tout ce qui est droits, jouissances, privilèges
et bénéfices". Ce passage doit donc être considéré
comme la confirmation d'une charte antérieure.
Par contre, ce texte ne nous dit rien sur le fonctionnement de la communauté,
la nomination des consuls, leurs pouvoirs, la justice.
Nous trouvons ensuite des confirmations : Jacques de Bilhères
en 1540, Claude de Foix en 1543, Géraud de Fabien, procureur du
Roi en 1616. En 1663, Bernard d'Aspe reçoit l'hommage des habitants
de Juzet à Louis XIV et il confirme les coutumes et privilèges,
mais restreint les attributions des consuls "leur interdisant de porter
livrée consulaire" c'est à dire la haute et moyenne justice.
Plus tard, en 1667, à la demande de Louis de Froidour, un jugement
rendu à Montauban confirme les privilèges, mais précise
que les habitants de Juzet ne sont qu'usagers des forêts, dont la
propriété reste dévolue au Roi.
Cette dernière confirmation se retrouvera plus tard, en 1807,
lorsque la communauté de Juzet réclamait un droit de propriété
sur les forêts de Cagire. Le Conseil de Préfecture (actuel
Tribunal administratif) se basa sur ce jugement de Louis de Froidour pour
considérer ces forêts comme appartenant au domaine impérial,
tout en confirmant la communauté dans l'usage des pâturages
et la possibilité de coupes de bois.
Juzet sous l'Ancien Régime
Juzet faisait partie du Comté de Comminges, qui apparaît au
Xe siècle. Il était divisé en 8 châtellenies,
plus la baronnie d'Aspet. Primitivement Juzet, comme les autres villages
du Thou, dépendait de la châtellenie de Fronsac, qui semble
avoir été à l'origine du Comté. Puis, en 1643,
Juzet fut rattaché à la baronnie d'Aspet, considérée
comme châtellenie. C'est pour cela que certaines publications rattachent
Juzet à Fronsac, d'autres à Aspet. Les autres villages du
Thou demeurèrent rattachés à Fronsac. Par ailleurs,
Juzet dépendait de la Sénéchaussée de Pamiers,
de la province de Gascogne (capitale Auch). Pour la justice il relevait
de Saint-Béat, puis après 1643, de la judicature d'Aspet.
Il en appelait au Parlement de Toulouse.
L'administration communale
Juzet était administré par trois consuls. Bien que beaucoup
de textes manquent, il semble possible de dire que ces consuls étaient
élus par les chefs de feu de la communauté, chaque année
à la Saint-Jean. Tout notable ou petit propriétaire pouvait
être candidat à l'élection. Cependant les consuls sortants
ne pouvaient solliciter immédiatement un second mandat.
Les modalités sont peu connues. Il semblerait que, au moins
au début, le seigneur ait eu la possibilité de nommer l'un
des trois consuls (ou d'en approuver l'élection). Le contrôle
religieux ne s'exerçait que par la prestation de serment. Le Juge
royal d'Aspet entendait organiser et même contrôler ces élections.
Après bien des procédures, il obtint, en 1786, un arrêt
du Parlement de Toulouse lui conférant ces pouvoirs.
Ces consuls avaient un triple rôle : administratif, répartition
et levée des impôts, pouvoirs de justice.
La gestion communale était démocratique. Les consuls
avaient coutume de convoquer une assemblée générale
des habitants du village, chaque fois qu'une question importante se présentait
ou que les impôts à lever étaient à répartir.
Ces assemblées se tenaient sur la place du village et le notaire
d'Aspet était requis d'en dresser la minute.
Dans les archives de Juzet il existe un cahier, daté de 1627,
et dont les trois premiers articles manquent. Il est intitulé "coutumes
de Juzet". En fait ce n'est qu'un simple règlement de police établi
au XVIIe siècle par les consuls et sans intervention du seigneur
ou de l'autorité royale. Il comporte 16 articles qui réglementent
le pacage des bêtes, l'indemnisation des dégâts qu'elles
peuvent causer, les amendes pour les contrevenants. Il y a des clauses
d'entraide entre les habitants en cas de perte de gros bétail ou
d'incendie. Ce texte contrôle l'importation du vin et de la viande
de boucherie (avec des privilèges en nature pour les consuls).
Il existe d'autres règlements. L'un des plus intéressants
est celui qui oblige chaque propriétaire à laisser passer
par ses parcelles de terre les autres habitants, qui peuvent ainsi accéder
à leurs propriétés.
Les impôts
Les impôts étaient lourds : la redevance ecclésiastique
avec la dîme, les impôts royaux avec la taille et le vingtième,
les droits seigneuriaux.
Pour payer ces impôts beaucoup d'habitants passaient en Espagne
une partie de l'année ou prenaient des animaux en gazaille.
La justice
Les pouvoirs de justice des consuls sont difficiles à préciser.
Bien qu'ils affirmaient "porter livrée consulaire", il ne semble
pas qu'ils aient eu le privilège de la justice criminelle, qui était
dévolue au juge royal d'Aspet. Ils devaient avoir des pouvoirs de
police que l'on qualifie aussi de "basse justice". Pour ce faire, ils étaient
assistés d'un bayle, jadis délégué du seigneur,
en fait agent consulaire.
Les seigneurs, eux, revendiquaient la justice criminelle. En 1639,
lors de la vente du domaine royal, ils crurent la posséder et établirent
des juges locaux. Il fallut plusieurs procédures et des arrêts
"du Roi en son conseil" pour confirmer les pouvoirs du juge royal d'Aspet.
La vie quotidienne
La vie quotidienne à Juzet nous est connue par les récits
de Louis de Froidour et les rapports des contrôleurs du vingtième.
Tout au long du Moyen-Age, la pauvreté, la misère, les
épidémies et autres fléaux sévissent dans tout
le Comminges.
Les "remontrances au Roi" des Etats de Comminges font état de
cette misère et de cette pauvreté qui frappe le pays. C'est
la conséquence de la disette, des guerres, mais aussi du refroidissement
général qui, au XIVe siècle, a considérablement
aggravé la situation.
Des épidémies sévissent. La Peste noire apparaît
en 1348. Elle reparaît en 1361 et semble passer à l'état
endémique. Plus tard, en 1694, c'est la peste bubonique qui ravage
Aspet et la région. Les registres d'état civil montrent un
nombre important de décès à Juzet. Le Pouillé
de 1387 fait état d'une dépopulation : à Sainte-Anne
des Ares, il note "duo parrochiani". A Malvezie, "inhabitabilis ex toto".
Il est sombre quant à l'avenir.
Au début du XVe siècle, on trouve cependant une certaine
reprise de la démographie.
Le niveau de vie
Louis de Froidour passe à Aspet et dans la région en 1667.
Il déclare à l'évêque de Comminges que "estant
venu dans le pays le plus sauvage qui soit au monde et parmy le peuple
le plus grossier, le plus brutal et le plus incapable de discipline, il
avait surmonté toutes les difficultés de l'aspreté
du pays et des moeurs des peuples". C'est charmant !
Il est certain que le niveau de vie n'était pas très
élevé. Les maisons sont pauvres. A l'origine c'était
la grange-étable. Les murs sont en torchis et colombages. Le toit
est couvert de chaume ou de bardeaux. Le sol est de terre battue. La porte
est double contre le froid. Bien souvent il n'y a pas de fenêtres.
Bêtes et gens y vivent en communauté. Cet état persistera
longtemps. Le mobilier n'est pas riche, si l'on se rapporte aux inventaires
des notaires après décès.
Le niveau culturel est pauvre. Peu d'actes de mariage sont signés
des deux époux. Charles Higounet pose la question du niveau culturel
des seigneurs. Il est difficile d'y répondre, mais en regardant
le testament de Pierre d'Ustou (1626), on ne peut que remarquer la calligraphie
presque moderne de sa signature, contrastant avec celles des témoins.
Une vie en autarcie
Il est frappant de constater la vie en autarcie de Juzet. Pour survivre,
quatre types de ressources s'offraient aux habitants : l'agriculture, la
forêt, l'élevage et le commerce avec l'Espagne.
D'après les rapports des contrôleurs du vingtième
de 1793, les propriétés totalisaient deux ou trois arpents,
en additionnant les diverses parcelles qui sont en général
de cinq à six mesures (l'arpent de Comminges valait 1,4 hectare
et la mesure 1/18 d'arpent, soit 7,7 ares). Les terres de La Molette s'élevaient,
elles, à 107 arpents, dont 50 de "terres nobles", qui ne payaient
pas la taille. Le domaine de La Molette représentait environ 1/4
des terres de Juzet. Les travaux sont effectués à la main
ou avec l'aide de bœufs. L'usage de la charrue en bois persistera jusqu'au
XIXe siècle.
Le froment vient en tête, puis le seigle et le millet, l'avoine
et l'orge. Le maïs apparaît à la fin du XVIe siècle,
le haricot au XVIIe et la pomme de terre fin XVIIIe.
La forêt constitue une ressource de bois. Cependant elle ne donne
que le bois de chauffage et de construction. Elle n'est pratiquement pas
exploitée, faute de moyens et de routes.
L'élevage était d'une importance capitale. Les prairies
de fauche sont soigneusement entretenues. Le droit de vaine pâture
s'est établi très tôt. Il est réglementé.
De temps immémorial, les pâturages de montagne ont servi à
l'élevage. Ils sont jalousement répartis entre les villages
du Thou.
L'estimation du cheptel est aléatoire, bien que le Pouillé
de 1387 nous renseigne sur les carnalages, donc l'élevage. Le contrôleur
du vingtième de 1783 donne pour Juzet : 16 boeufs, 160 vaches,
271 brebis, 95 cochons, 31 chevaux ou mulets.
Depuis le XIIIe siècle, grâce aux traités des Lies
et passeries (qui vont perdurer jusqu'à la Révolution), le
commerce avec l'Espagne était possible. Bien des habitants y passaient
plusieurs mois par an, ou prenaient des animaux en gazaille. Ils ramenaient
ainsi un argent leur permettant de payer leurs impôts, le terroir
de Juzet étant insuffisant.
Cette vie an autarcie était également la conséquence
de l'état des routes. Une route romaine a existé, reliant
Saint-Béat à Saint-Girons, par les Frontignes, le col des
Ares et le col de Portet. Elle aurait disparu au Moyen-Age. Les routes
du XVIIIe, que montrent les cartes Roussel ou Cassini, n'étaient,
en fait, que des liaisons de villages à villages et souvent impratiquables
certains mois de l'année. A la fin du XVIIIe Louis XVI, avec les
ateliers de charité, essaya de désenclaver certaines régions.
Ce n'est que le XIXe qui construira un véritable réseau routier.
La vie religieuse à Juzet
C'est au milieu du IIIe siècle que le christianisme est apparu dans
le Comminges. En ce qui concerne Juzet, on a écrit qu'il fut apporté
au XIIIe siècle par les moines prémontrés de
Sainte-Anne des Ares. Rien n'est moins sûr. La première mention
que nous possédons d'une église à Juzet est sa taxation
en 1387 dans le Pouillé.
Juzet fait partie de l'évêché de Comminges (la
carte du comté et celle de l'évêché n'étaient
pas superposables). Il appartenait à l'archiprêtré
d'Izaut (c'est le seul lien de dépendance que nous connaissons).
Les autres villages dépendaient de l'archiprêtré de
Fronsac.
La vie religieuse fut toujours importante à Juzet, qui ne semble
pas avoir été touché par l'hérésie cathare
ni par le protestantisme.
Sous l'Ancien régime, les cures pouvaient être considérées
comme des "bénéfices simples", ne comportant aucune obligation.
Ce fut le cas à Juzet où Barthélémy Sauné,
recteur de Juzet (de 1623 à 1656) et qui cumulait la chapellenie
d'Aspet, le service complet de l'église et "six sétiers de
blé et de grain par an, les foires et les offrandes".
Mis à part ce cas, les curés de Juzet ont été
fidèles à leur paroisse. Ils y ont passé toute leur
vie sacerdotale : entre 1623 et la Révolution on ne dénombre
que cinq prêtres. Le prêtre de campagne est en général
issu du peuple. Il est à la portion congrue (on dirait aujourd'hui
le SMIC, "congrue" signifiant "convenable"), il est donc pauvre. Il est
proche de ses paroissiens. Il n'y a aucune ingérence du curé
dans la gestion communale.
L'intronisation d'un nouveau curé est un événement.
Il prend possession de l'église, accompagné du notaire qui
lui fait prendre de l'eau bénite, baiser le maître autel,
monter à l'ambon, sonner les cloches... Tout cela est consigné
à la minute notariale.
Les impôts religieux sont représentés par la dîme,
les carnalages sur le croît des animaux, les prémices sur
les premiers fruits. Nous en avons un exemple dans la Pouillé de
1387. Ces droits étaient partagés entre les décimateurs
: 5/16 pour le seigneur de La Molette, 1/8 pour le Chapitre de Saint-Bertrand,
1/16 pour l'archidiacre de Saint-Bertrand.
Le service religieux était assuré à Arguenos et
Moncaup les dimanches, lundis et jours de fêtes. A Juzet, il était
assuré tous les jours. Pour expliquer cela, il faut savoir que la
paroisse était assez riche en obits. La plupart avaient été
constitués par les seigneurs de La Molette.
Juzet possédait une scolanie. Elle fut créée en
mars 1422. Par qui et dans quelles conditions, on ne sait. Nous trouvons
mention d'un Laurent Lacourt, scolain de Juzet en 1634. Cette scolanie
figure dans le cartulaire de Larcher. Il ne faut pas y voir un établissement
scolaire, mais bien au contraire un "bénéfice simple". En
1780, le Parlement de Toulouse précise que "le prêtre pourvu
de ladite scolanie n'est point assujetti personnellement à faire
le service, mais per se vel per alium clericum". Le dernier titulaire de
cette scolanie, en 1786, fut l'abbé Pomian, secrétaire de
l'évêché de Comminges et auteur du rapport "Le Comminges
chrétien".
Nous ne pouvons pas dater la construction de l'église primitive.
A-t-elle servi d'église paroissiale un temps ? Au XVIIIe siècle
existait une église dont nous avons connaissance par les plans qui
figurent aux archives départementales de la Haute-Garonne et par
les rapports des visites de Mgr d'Astros en 1833 et 1841. Nous ne connaissons
pas sa date de construction. Des rapports, il ressort qu'elle était
vétuste et ne présentait aucun intérêt archéologique.
Ses dimensions étaient modestes (20 m sur 7). Sa façade ouvrait
sur un clocher porche carré, avec une seule cloche. Les murs étaient
en mauvais état. Elle était composée d'une nef unique,
avec à gauche une seule chapelle sous la dédicace de Notre-Dame.
Il n'y avait pas de voûtes, mais un plafond peint. Le maître-autel
était en marbre, la table de communion en bois peint. Le sol était
couvert d'un plancher.
Elle était située au niveau de l'entrée actuelle
du cimetière, ce qui nous permet de dire que le cimetière
existe là depuis longtemps.
L'église actuelle est sous la dédicace de Saint Germier.
Le cartulaire de Larcher en 1768 donne la même dédicace pour
l'église antérieure. Mais dans le testament de Pierre d'Ustou
(1626), dans divers actes notariés de l'Ancien Régime, ainsi
que dans le Comminges chrétien du chanoine Pomian, en 1788, on trouve
la dédicace de Saint Event. Qui était "Saint Event" , dont
la Légende dorée, les Bollandistes, le Propre diocésain
ne parlent pas ? Pourquoi deux dédicaces ? La question reste ouverte.
Cette église était vétuste et les tremblements
de terre de 1855-56 ont considérablement endommagé l'édifice.
En 1860, le conseil municipal, après un référendum
dans la commune, vota sa démolition et sa reconstruction, avec les
mêmes pierres, sur un terrain communal situé le long de la
nouvelle route impériale. Un architecte de Saint-Gaudens, Monsieur
Castex, établit les devis et l'église fut édifiée
en 1865. Coût : 22 573 francs, couvert par l'Etat pour 10 000 francs,
11 000 francs par une souscription dans le village, le reste par la fabrique
et la commune. L'abbé Lamolle, curé de Juzet, en prit possession
la nuit de Noël 1865. Le clocher fut terminé en 1874.
Cette église a cependant connu deux alertes en 1893 devant de
grosses lézardes dans la façade et le clocher. Il fallut
déposer la flèche et les cloches. La façade fut reconstruite
en 1901. En 1923, des lézardes se produisirent dans la voûte,
nécessitant sa réfection et la mise en place de tendeurs.
Enfin, en 1975, dernière restauration par l'abbé Oustau.
L'église paroissiale
Nous ne pouvons pas dater la construction de l'église primitive.
A-t-elle servi d'église paroissiale un temps ? Au XVIIIe siècle
existait une église dont nous avons connaissance par les plans qui
figurent aux archives départementales de la Haute-Garonne et par
les rapports des visites de Mgr d'Astros en 1833 et 1841. Nous ne connaissons
pas sa date de construction. Des rapports, il ressort qu'elle était
vétuste et ne présentait aucun intérêt archéologique.
Ses dimensions étaient modestes (20 m sur 7). Sa façade ouvrait
sur un clocher porche carré, avec une seule cloche. Les murs étaient
en mauvais état. Elle était composée d'une nef unique,
avec à gauche une seule chapelle sous la dédicace de Notre-Dame.
Il n'y avait pas de voûtes, mais un plafond peint. Le maître-autel
était en marbre, la table de communion en bois peint. Le sol était
couvert d'un plancher.
Elle était située au niveau de l'entrée actuelle
du cimetière, ce qui nous permet de dire que le cimetière
existe là depuis longtemps.
L'église actuelle est sous la dédicace de Saint Germier.
Le cartulaire de Larcher en 1768 donne la même dédicace pour
l'église antérieure. Mais dans le testament de Pierre d'Ustou
(1626), dans divers actes notariés de l'Ancien Régime, ainsi
que dans le Comminges chrétien du chanoine Pomian, en 1788, on trouve
la dédicace de Saint Event. Qui était "Saint Event" , dont
la Légende dorée, les Bollandistes, le Propre diocésain
ne parlent pas ? Pourquoi deux dédicaces ? La question reste ouverte.
Cette église était vétuste et les tremblements
de terre de 1855-56 ont considérablement endommagé l'édifice.
En 1860, le conseil municipal, après un référendum
dans la commune, vota sa démolition et sa reconstruction, avec les
mêmes pierres, sur un terrain communal situé le long de la
nouvelle route impériale. Un architecte de Saint-Gaudens, Monsieur
Castex, établit les devis et l'église fut édifiée
en 1865. Coût : 22 573 francs, couvert par l'Etat pour 10 000 francs,
11 000 francs par une souscription dans le village, le reste par la fabrique
et la commune. L'abbé Lamolle, curé de Juzet, en prit possession
la nuit de Noël 1865. Le clocher fut terminé en 1874.
Cette église a cependant connu deux alertes en 1893 devant de
grosses lézardes dans la façade et le clocher. Il fallut
déposer la flèche et les cloches. La façade fut reconstruite
en 1901. En 1923, des lézardes se produisirent dans la voûte,
nécessitant sa réfection et la mise en place de tendeurs.
Enfin, en 1975, dernière restauration par l'abbé Oustau.
La tourmente révolutionnaire
La Révolution française a marqué un changement considérable
au plan social, économique et religieux.
En vue de la réunion des Etats généraux, des cahiers
de doléances furent établis dans chaque paroisse. Les cahiers
de Juzet ont été égarés, mais l'abbé
Dumail a retrouvé et publié ceux d'Arguenos. Il s'en dégage
un immense espoir dans des réformes financières et fiscales,
dans une meilleure organisation de la justice. Enfin, ces cahiers demandent
une nouvelle répartition de la dîme, assurant un revenu décent
aux curés.
Après la création du département de la Haute-Garonne,
en janvier 1790, des conseils municipaux et des maires furent nommés
chaque année, sur une liste de notabilités. Matthieu Faulin
fut nommé en 1790. Jean-François Cazes lui succéda
en 1791. Les registres d'état civil sont désormais tenus
par les maires. A Juzet, le premier acte est daté du 24 janvier
1793. Mais durant toute l'année 93, l'abbé Compans, curé
de Juzet, continue à tenir les registres, qui sont ainsi établis
"en double minute". Les maires étaient sans doute peu habitués
à ces tâches et l'abbé Compans est venu à leur
aide. Après sa disparition, les registres sont plus ou moins bien
tenus, si l'on en croit un jugement du tribunal de Saint-Gaudens (3 ventôse
an III = 21 février 1794) qui constate le désordre qui y
règne.
La tourmente révolutionnaire fut particulièrement dure
pour l'église. L'abbé Compans, curé de Juzet, comme
la plupart des prêtres du Comminges, prêta serment à
la constitution civile du clergé. L'acte existe aux archives municipales,
et la légende veut que, au moment de la prononcer, l'abbé
Compans se soit enfui dans les bois de Cagire et fut rattrapé par
la population. Etait-ce par "esprit républicain" ou pour mettre
ce prêtre, fort aimé à Juzet, à l'abri de poursuites
éventuelles ?
A Juzet, il y avait un prêtre obituraire, l'abbé Simon
Cazes. Il refusa de prêter serment civique. Ses biens furent confisqués
et il mourut en déportation. Le curé d'Arguenos, l'abbé
Ferran, se rétracta et fut déporté.
Malgré les persécutions religieuses, l'abbé Compans
continue d'exercer son ministère jusqu'au 12 janvier 1794. Après
cette date nous perdons sa trace. Selon Castillon d'Aspet, il aurait été
arrêté et incarcéré. Nous n'en avons pas retrouvé
confirmation. Nous n'avons pas son acte de décès.
Deux autres prêtres vont exercer à Juzet. L'un est le
citoyen Lauran Gastou -Messidor an III = 23 juin 1794). L'autre est le
citoyen Mistrot (Messidor an VIII = juin 1799). Tous deux ont prononcé
le serment de haine à la Royauté. Nous ne les retrouvons
pas après le Concordat parmi le clergé diocésain.
C'étaient sans doute des prêtres constitutionnels.
Les sentiments religieux étaient cependant solides à
Juzet, où parfois des offices se célébraient, malgré
l'interdiction officielle.
La vente des biens nationaux
La vente des biens nationaux eut lieu entre 1791 et 1796. Les terres d'obit
furent vendues 5 223 livres à plusieurs acheteurs, dont l'abbé
Compans, à l'exemple de beaucoup de prêtres commingeois qui
se portèrent acquéreurs afin de protéger ces biens.
Le domaine de La Molette et ses terres furent vendus en 1793 pour la somme
de 52 400 livres. Le presbytère fut vendu en 1796, en bloc avec
ceux d'Aspet, Arguenos, Izaut, Encausse pour 15 953 francs.
La vie quotidienne
Il est possible de suivre la vie quotidienne à Juzet par l'étude
des registres municipaux. La fête de la Fédération
donne lieu à une grande manifestation patriotique. En 1792, c'est
l'organisation de la garde nationale. Jean Buc en est capitaine.
Il existait à Aspet un club des Jacobins, animé par les
citoyens Sourieu et Sancerin. Ce dernier était redouté et
vint à Juzet pour procéder à l'épuration des
fonctionnaires publics et organise un comité de surveillance. Le
conseil municipal fut confirmé par les applaudissements unanimes
des habitants de Juzet réunis à cet effet dans l'église
(re-baptisée Temple de la Raison). Mais depuis cette date, les registres
municipaux sont très riches en demandes de certificats de civisme...
que le maire délivre sans aucune hésitation.
Il existe un texte de l'An II qui est une réquisition concernant
le salpêtre. Il y est dit "qu'en cas de retard ou de refus des officiers
municipaux dans l'exécution des mesures prescrites, ils seront dénoncés
au comité de salut public et à l'agence révolutionnaire
des poudres pour être livrés à la vengeance des lois".
Ailleurs, ce sont les resquilleurs : ceux qui distribuent des faux
assignats : un habitant de Juzet est écroué le 15 ventôse
an III. Ce sont également ceux qui s'approprient illégalement
des terres. La maire, J. Ruau, est obligé d'en appeler à
la justice en nivôse An X (janvier 1803).
La Révolution française; par son grand changement, a-t-elle
atteint son but à Juzet ? Les droits seigneuriaux, la dîme,
sont abolis et 1/4 des terres changent de main, hélas souvent pour
des investisseurs étrangers. Cependant avec la notion d'indépendance,
elle aura marqué un grand tournant.
Juzet à l'époque contemporaine
C'est après la Révolution que Juzet sort de sa vie en autarcie
et fait son entrée dans la vie moderne.
Sous l'Ancien Régime, Juzet était administré par
des consuls. Il l'est actuellement par un conseil municipal de 11 membres.
Entre les consuls de jadis et les maires, il y a eu continuité dans
la gestion communale. Comme leurs ancêtres, les maires, s'ils ne
convoquaient pas d'assemblées générales, devant des
problèmes importants, faisaient participer au conseil des notables
du village Les registres municipaux témoignent du travail accompli
par ces élus.
La reprise du culte, avec le Concordat, va imposer à la municipalité
de prendre en charge une partie du traitement du curé, de réparer
l'église, avant de la reconstruire en 1865. En 1803 un prêtre
est nommé à Juzet, c'est l'abbé Moulong. L'abbé
Dencausse lui succédera en 1806.
L'instruction publique
La Révolution française ne réalisa rien de concret
dans le domaine de l'instruction publique. Au début du XIXe siècle
un bénévolat se mit en place à Juzet. Durant les mois
d'hiver des gens dévoués apprenaient à lire, à
compter, plus rarement à écrire. Il faut citer le nom de
ces bénévoles : Boursier, Cazes, Suberville, Tapie. En juin
1833, le conseil municipal décide la création d'un poste
d'instituteur et de participer à son traitement. En 1834, Monsieur
Daffos est nommé instituteur. Monsieur Narthus lui succède
en 1871. L'école fut logée dans diverses maisons particulières,
parfois insalubres. Il fallut attendre 1899 pour voir ériger l'école
actuelle dans le même bâtiment que la mairie (coût 26
280 francs). La grille sur la route avec son grand portail date de 1909.
Routes et équipements
Le désenclavement de la vallée du Thou est certainement une
des grandes réalisations du XIXe siècle. La route Saint-Martory
- Saint-Béat était en projet depuis 1813. Il fallut attendre
le Second Empire pour voir sa réalisation avec un tracé redessiné
depuis Buret et traversant Juzet au dessous de la route existante. Le XIXe
a donc déplacé l'axe du village : la route à un niveau
plus bas, l'église reconstruite à ce niveau, puis la mairie
et l'école. Tout cela forme un nouveau centre du village. Quant
à l'ancienne place du village, elle a conservé son nom et
domine cet ensemble.
Pour compléter cet ensemble routier, en 1968 fut ouverte la
route qui relie Juzet à Izaut.
L'alimentation en eau potable a toujours été un problème.
Il fut résolu en plusieurs étapes. En 1874, l'eau de Plaède
est captée, mais les buses en poterie sont défectueuses.
C'est en 1902 qu'un système d'adduction à partir de Plaède
est mis en place : deux bassins de captage, sept bassins coupe charge,
un réservoir en amont du village, six branchements dans le village.
Ce n'est qu'en 1960 que l'eau du Job sera captée et que les habitants
de Juzet bénéficieront de l'eau courante dans les maisons.
Le Thou ne fut pourvu que tardivement de l'énergie électrique,
en 1929. Mais Juzet, du fait de tractations difficiles avec la société
"La Valentinoise", ne fut branché au réseau qu'en 1931. L'éclairage
communal fut réalisé en 1960.
Par contre, Juzet eut en 1912 son premier abonné au téléphone,
date à laquelle une recette PTT y fut installée.
Juzet ne fut pas épargné par les fléaux.
La population
La mortalité infantile était importante : 37 % au XVIIIe
siècle, 36 % au XIXe.
En 1865 apparaît le choléra qui remonte la vallée
du Job. Le premier cas survient à Juzet le 27 septembre, tuant le
garde champêtre. Entre le 27 septembre et le 26 octobre, on dénombre
32 morts. Le choléra gagne ensuite les autres villages du Thou (Arguenos,
12 morts).
Juzet a payé tribut à la guerre de 1914-1918 : 15 morts.
Il est difficile de chiffrer la population pour les époques
antérieures à 1830, date des premiers recensements. Une chose
est à remarquer, c'est la stabilité des familles. Dans les
actes du XIVe ceux du XVIIIe, de la Révolution et même du
XXe, nous trouvons les mêmes noms : Faulin, Cabiro, Cazes, Tapie,
Latour...
D'après les registres ecclésiastiques, il y avait 460
habitants en 1761. En 1793, le rapport du contrôleur du vingtième
donne 527 habitants.
Au XIXe siècle nous trouvons : 1831 : 903 ; 1836 : 940 ; 1881
: 715.
Au XXe siècle : 1900 : 560 ; 1911 : 404 ; 1929 : 382 ; 1940
: 277 ; 1982 : 222 ; 1982 : 229 ; 1990 : 202.
Cette population, qui avait connu un essor vers le milieu du XIXe siècle
a considérablement diminué au cours des cent dernières
années.
Certes, le terroir de Juzet était insuffisant pour nourrir une
telle population. Comme autrefois lors du commerce avec l'Espagne, bien
des gens quittaient Juzet certains mois de l'année. C'était
le colportage qui parfois touchait 25 % de la population du Thou. C'était
aussi l'expatriation définitive, avec plus ou moins de bonheur.
Mais tout ceci n'explique pas l'exode actuel vers "un mieux vivre".
Les documents utilisés pour écrire l'histoire de Juzet-d'Izaut
doivent être examinés en eux-mêmes, mais également
confrontés aux grands événements de l'Histoire générale.
Nous voyons alors que l'histoire de Juzet s'intègre parfaitement
dans le cadre des données généralement admises. Elle
est celle d'un village du haut Comminges, et elle reproduit l'image de
la France profonde, la France paysanne.
Le pic de Cagire
Bulletin
n° 9
: quelques textes sur Cagire
Le pic de Cagire culmine à 1912 mètres. Il est, en quelque
sorte, l'emblème du pays. Son air majestueux, quand on regarde les
Pyrénées depuis la plaine de la Garonne, vers Saint-Gaudens,
attire immanquablement le regard.
Le lever du soleil depuis le pic est un enchantement.
On peut accéder au Pic par plusieurs itinéraires. Le
plus court est celui qui part du village de Juzet. Il est conseillé
de partir lorsque le jour se lève : la forêt de hêtres
est alors magnifique.
Nous empruntons la description qui suit à un triptyque édité
par le SIARCA.
En haut du col de Buret, on peut emprunter la route forestière
qui mène à La Couage, en un quart d'heure de voiture. A la
cabane de La Couage, prendre le sentier entre deux routes forestières.
Montée (d'une heure) par une piste d'exploitation. Suivre le sentier
qui passe entre deux rochers puis redescend de quelques mètres jusqu'à
la cabane dite "de Juzet". On aperçoit des abreuvoirs, souvent à
sec l'été (il est donc conseillé de prendre, au départ,
une provision d'eau).
Le sentier repart plein sud, monte vers un petit bois, puis serpente
dans l'herbe pour aboutir à un large col. Il passe ensuite en contrebas
de la ligne de crête. On passe devant une petite niche-oratoire dans
le rocher et un petit gouffre (attention par temps de brume !). On atteint
enfin le sommet du Cagire (une heure et demie depuis la cabane). Un peu
en contrebas, une Croix domine la vallée (il y en avait déjà
une avant la Révolution !).
Très belle vue panoramique sur le Comminges, les Pyrénées
ariégeoises, la Maladetta, les montagnes du luchonnais.
Carte
IGN Série bleue 1947 Ouest Aspet. Balisage : jaune
et rouge.