Juzet-d'Izaut
Bulletin n° 5 (nouv. série) : Coutumes de Juzet ?
Voir brochure "Tours et châteaux" : notice sur le château de la Molette

Histoire de Juzet

Les origines de Juzet
Etymoligie
La seignerie de Juzet
Le château de la Molette
Les relations entre les seigneurs et les paysans
Quelques vestiges
La charte de Juzet
Juzet sous l'Ancien Régime
L'administration communale
Les impôts
La justice
La vie quotidienne
Le niveau de vie
Une vie en autarcie
La vie religieuse à Juzet
L'église paroissiale
La tourmente révolutionnaire
La vente des biens nationaux
La vie quotidienne
Juzet à l'époque contemporaine
L'instruction publique
Route et équipement
La population
Le pic de Cagire
 

Histoire de Juzet-d'Izaut

La vallée du Thou réunit quatre villages : Arguenos, Moncaup, Cazaunous et Juzet-d'Izaut. Juzet en est le plus important. Blotti au pied de Cagire, il était souvent nommé sous l'Ancien Régime : "Juzet de Cagire".
Juzet faisait partie du haut Comminges, pays dont l'individualité est bien affirmée. Bien, qu'ayant vécu en autarcie jusqu'à la Révolution, il a tout de même son histoire, que nous pouvons reconstituer en partie, grâce à quelques documents parvenus jusqu'à nous.

Trois sources peuvent être exploitées :

- les archives communales et départementales de la Haute-Garonne,

- les travaux de l'abbé Ousset et la Revue de Comminges,
- la monographie de Monsieur Narthus, instituteur en 1885.

 

Les origines de Juzet

Nous ignorons les origines de Juzet, sa fondation et ses premiers habitants. Il n'existe pas de vestiges, de légendes, de traditions locales.

 
 

Etymologie

L'étymologie du nom est loin d'être évidente. On trouve dans la région des noms d'origine celte, mais aussi des noms à consonance latine. C'est à cela que se rapporte R. Lizop, qui voit dans Izaut la contraction du terme latin "in saltus", c'est-à-dire "pays compris dans le saltus". A côté des terres réservées à la culture, existaient des zones, dans des régions de moyenne montagne, avec de vastes pâturages, livrées au bétail, à l'élevage. C'était le saltus. Dans la saltus devaient exister des formes primitives d'établissement, avec des habitations rudimentaires, des refuges. C'est peut-être là qu'il faut chercher l'origine de "Juzet", lui attribuant ainsi une vocation pastorale. Quant au nom de "Juzet", il est difficile de conclure. Il se peut que ce nom vienne du latin "juxta", Juzet-d'Izaut signifierait "(situé) près d'Izaut". Il faut cependant remarquer que la réunion de ces deux noms n'apparaît que tardivement, aux XVIIe, XVIIIe siècles. Les textes du XIVe siècle que nous possédons ne font état que de "Juzet". De plus la charte d'Izaut (1250) ne fait pas mention de Juzet.
C'est sans doute durant la période du haut Moyen-Age que Juzet s'est individualisé d'Izaut et a pris son indépendance. Le seul lien existant sera le rattachement de Juzet à l'Archiprêtré d'Izaut.

La seigneurie de Juzet

Juzet représentait, sous l'Ancien Régime, une seigneurie qui étendait son autorité et ses droits sur les quatre villages de la vallée du Thou.
Si Aspet a constitué la seigneurie la plus importante du Comminges, des seigneuries particulières, des coseigneuries, se sont établies autour d'elle. Ce fut le cas de Juzet, avec la Seigneurie de La Molette.
Nous ne pouvons pas dater de manière précise l'origine de cette petite seigneurie. Dans une sentence arbitrale de 1335, que nous possédons, figurent les noms de quatre co-seigneurs : Raymond-Athon d'Aspet, Bertrand de Capelle, Arnaud de Mont et Arnaud-Gacie de Cazaunous.
En 1402, les barons d'Aspet possédaient des droits à Juzet. Dame Barrave, qui fonda la chapellenie d'Aspet, lui attribua les censives acquises à Juzet.
En 1543, Claude de Foix-Lautrec fait prêter serment aux consuls.
Nos connaissances historiques sur les premiers seigneurs s'arrêtent là.
Au XVIe la famille de Bilhères (ou Billères), qui réside à Juzet au château de La Molette, donne deux seigneurs : Jacques de Bilhères, puis son fils Raymond, dont la fille, Jeanne, épousa en 1570 Pierre d'Ustou de Lamothe, lui apportant en dot le domaine de La Molette. Dès lors, la seigneurie passe aux d'Ustou, créant la branche d'Ustou de La Molette.
Durant 130 ans, cette branche nous donnera : Pierre d'Ustou, qui eut onze enfants, parmi lesquels nous retiendrons Fritz, futur seigneur de La Molette et Roger, qui sera chanoine puis Grand Archidiacre de Saint-Bertrand. Pierre d'Ustou est mort en 1626. Fritz lui succède. Il épouse Georgette de Mun dont il aura cinq enfants. Le second, Roger, "capitaine des gens de pied" épousa Anne de Montlezun. Si Roger tenait garnison à Metz, son épouse semble avoir résidé au château de La Molette, ainsi qu'en témoignent un certain nombre d'actes notariés. Roger meurt en 1658. C'est sa seconde fille, Paule, qui lui succède. Elle meurt sans enfants en 1666. Sa soeur, dernière fille de Roger, Marguerite d'Ustou, devient Dame de La Molette. Elle épousa Jean-Jacques de Mauléon, seigneur de Barbazan.
Marguerite d'Ustou meurt sans enfants, en 1703. Par testament elle avait laissé tous ses biens à son neveu Charles de Montlezun, exempt dans la compagnie du Maréchal de Villeroy. De plus, ce testament créait une rente annuelle de 900 livres, à prendre sur les revenus de la seigneurie, pour entretenir trois prêtres devant évangéliser la région et le Val d'Aran. Elle leur fixait pour résidence le château de La Molette. Mais ce testament stipulait aussi que si Charles de Montlezun mourait sans enfants, l'ensemble des biens de Marguerite d'Ustou reviendrait au séminaire de Comminges. Charles mourut sans enfants en 1706. C'est ainsi que les jésuites du séminaire de Saint-Gaudens entrèrent en possession de la seigneurie de La Molette. Ils en furent chassés par la Révolution.

Le château de la Molette

Matérialisant cette seigneurie, Juzet eut son château, le château de La Molette (ou La Moulette). Bâti sur le territoire de Juzet, il était situé sur la rive gauche du Job, au pied du village de Cazaunous. Il a été rasé après la Révolution et nous n'avons que peu de renseignements sur lui. Ce n'était pas un ouvrage de défense, car il n'était pas sur une position stratégique. C'était une belle demeure seigneuriale à trois étages, avec en façade deux tours aux angles et au centre une tour d'escalier. Il y avait en façade "douze fenêtres de marbre, en croisées et demi-croisées".
Nous ne connaissons pas sa date de construction mais, dans le village de Juzet, il existe des pierres de réemploi dont les moulures évoquent le XIVe siècle.
A côté du château, il existait une chapelle. Roger d'Ustou, fils de Pierre d'Ustou, était Grand Archidiacre de Saint-Bertrand. Il mourut en 1626 et fut enseveli dans le choeur de la cathédrale. Par testament, il dota la chapelle, créant la chapellenie de La Molette. Le cartulaire de Larcher précise que "la nomination appartenait à l'héritier d'Ustou et la collation au chapitre".
Sur le Job il y avait quatre moulins qui dépendaient du château. Le nom de La Molette (ou La Moulette) vient de là sans doute.

Les relations entre les seigneurs et les paysans

Les relations seigneurs-paysans représentent un domaine essentiel de la vie quotidienne.
Ils sont d'abord marqués par les droits seigneuriaux. Ils devaient être lourds et durs à régler. C'est ainsi que nous trouvons de nombreux actes notariés de reconnaissance de dettes en faveur du seigneur. Cela est très fréquent lors du vivant de Pierre d'Ustou.
Nous trouvons ensuite des procédures : c'est le seigneur qui poursuit devant la justice des habitants qui se sont rendus coupables de coupes sauvages dans les bois de Cagire. Ce sont les habitants de Juzet qui contestent la qualité "noble" de certaines terres de La Molette.
Il existe une légende représentant le seigneur de La Molette comme un homme très dur, terreur de la vallée du Thou. Il s'agit probablement de Pierre d'Ustou qui consignait la moindre dette devant notaire et dans son testament (1626) n'en fait aucune remise aux habitants. Ce ne fut pas le cas de Marguerite d'Ustou qui, dans son testament annula certaines dettes de la communauté (1 000 livres) et créa une rente annuelle "de quarante livres pour être employée en bouillons et autres besoins pour soulager les malades des quatre paroisses".

Quelques vestiges

Quelques vestiges subsistent à Juzet : les piliers d'un portail sont ornés de moulures évoquant le XIVe siècle. Le reste du porche vient de servir à la construction d'un four de campagne ! La colonie de vacances Air-France possédait une maison qui menaçait ruine. Elle fut démolie. Mais à l'intérieur existaient une cheminée de salle basse, en pierre et d'autres pierres de réemploi. Qu'est-ce devenu ? Dans la maison "de Surgen", il existe sous la grange une pierre de réemploi comportant, gravées, trois croix et cinq clés. Cette pierre viendrait-elle du linteau d'un des moulins ?

La charte de Juzet

Juzet, comme du reste Cazaunous, eut une charte. Comme la plupart des chartes commingeoises, elle devait dater de la fin du XIIIe siècle - début du XIVe siècle. L'abbé Ousset nous dit que les villages du Thou furent inféodés en 1305 et reconnus en 1318. J. Décap, qui relève plus de 140 chartes dans le Comminges, ne fait pas mention de la charte primitive de Juzet, mais des différentes confirmations.
En 1654, les soldats du régiment de Poitou, en garnison à Juzet, mirent le feu à la maison commune. C'est sans doute ainsi que la charte fut perdue.
Il existe, dans les archives municipales de Juzet, un texte daté de 1335 et qui présente une grande importance, car c'est le texte le plus ancien que nous possédons. Ce texte est la copie faite en 1806 d'un texte antérieur, lui-même copie d'un texte ancien ... Il est écrit en latin du XIVe siècle et présente certainement, du fait des nombreuses transcriptions, des fautes qui le rendent difficile à traduire. Vers 1335 survint un litige entre les coseigneurs de Juzet et les consuls de la communauté, probablement au sujet de l'inféodation et de l'exploitation des bois de Cagire. L'affaire se régla par le prononcé d'une sentence arbitrale de l'évêque de Couserans. Comment survint le litige ? Pourquoi l'autorité religieuse et non l'autorité civile ? Pourquoi l'évêque de Couserans et non l'évêque de Comminges ? Nous l'ignorons. Cette sentence comporte 23 items. Ils précisent les redevances d'exploitation de la forêt, les glandages, les pâturages, les coupes de bois. Il répartit les droits des coseigneurs (4/5) et ceux des consuls de la communauté (1/5).
Cette sentence est également importante car, in fine, les coseigneurs s'engagent à ne pas toucher "aux privilèges communautaires, libéralités, coutumes écrites et usages approuvés et généralement tout ce qui est droits, jouissances, privilèges et bénéfices". Ce passage doit donc être considéré comme la confirmation d'une charte antérieure.
Par contre, ce texte ne nous dit rien sur le fonctionnement de la communauté, la nomination des consuls, leurs pouvoirs, la justice.
Nous trouvons ensuite des confirmations : Jacques de Bilhères en 1540, Claude de Foix en 1543, Géraud de Fabien, procureur du Roi en 1616. En 1663, Bernard d'Aspe reçoit l'hommage des habitants de Juzet à Louis XIV et il confirme les coutumes et privilèges, mais restreint les attributions des consuls "leur interdisant de porter livrée consulaire" c'est à dire la haute et moyenne justice. Plus tard, en 1667, à la demande de Louis de Froidour, un jugement rendu à Montauban confirme les privilèges, mais précise que les habitants de Juzet ne sont qu'usagers des forêts, dont la propriété reste dévolue au Roi.
Cette dernière confirmation se retrouvera plus tard, en 1807, lorsque la communauté de Juzet réclamait un droit de propriété sur les forêts de Cagire. Le Conseil de Préfecture (actuel Tribunal administratif) se basa sur ce jugement de Louis de Froidour pour considérer ces forêts comme appartenant au domaine impérial, tout en confirmant la communauté dans l'usage des pâturages et la possibilité de coupes de bois.

Juzet sous l'Ancien Régime

Juzet faisait partie du Comté de Comminges, qui apparaît au Xe siècle. Il était divisé en 8 châtellenies, plus la baronnie d'Aspet. Primitivement Juzet, comme les autres villages du Thou, dépendait de la châtellenie de Fronsac, qui semble avoir été à l'origine du Comté. Puis, en 1643, Juzet fut rattaché à la baronnie d'Aspet, considérée comme châtellenie. C'est pour cela que certaines publications rattachent Juzet à Fronsac, d'autres à Aspet. Les autres villages du Thou demeurèrent rattachés à Fronsac. Par ailleurs, Juzet dépendait de la Sénéchaussée de Pamiers, de la province de Gascogne (capitale Auch). Pour la justice il relevait de Saint-Béat, puis après 1643, de la judicature d'Aspet. Il en appelait au Parlement de Toulouse.

L'administration communale

Juzet était administré par trois consuls. Bien que beaucoup de textes manquent, il semble possible de dire que ces consuls étaient élus par les chefs de feu de la communauté, chaque année à la Saint-Jean. Tout notable ou petit propriétaire pouvait être candidat à l'élection. Cependant les consuls sortants ne pouvaient solliciter immédiatement un second mandat.
Les modalités sont peu connues. Il semblerait que, au moins au début, le seigneur ait eu la possibilité de nommer l'un des trois consuls (ou d'en approuver l'élection). Le contrôle religieux ne s'exerçait que par la prestation de serment. Le Juge royal d'Aspet entendait organiser et même contrôler ces élections. Après bien des procédures, il obtint, en 1786, un arrêt du Parlement de Toulouse lui conférant ces pouvoirs.
Ces consuls avaient un triple rôle : administratif, répartition et levée des impôts, pouvoirs de justice.
La gestion communale était démocratique. Les consuls avaient coutume de convoquer une assemblée générale des habitants du village, chaque fois qu'une question importante se présentait ou que les impôts à lever étaient à répartir. Ces assemblées se tenaient sur la place du village et le notaire d'Aspet était requis d'en dresser la minute.
Dans les archives de Juzet il existe un cahier, daté de 1627, et dont les trois premiers articles manquent. Il est intitulé "coutumes de Juzet". En fait ce n'est qu'un simple règlement de police établi au XVIIe siècle par les consuls et sans intervention du seigneur ou de l'autorité royale. Il comporte 16 articles qui réglementent le pacage des bêtes, l'indemnisation des dégâts qu'elles peuvent causer, les amendes pour les contrevenants. Il y a des clauses d'entraide entre les habitants en cas de perte de gros bétail ou d'incendie. Ce texte contrôle l'importation du vin et de la viande de boucherie (avec des privilèges en nature pour les consuls).
Il existe d'autres règlements. L'un des plus intéressants est celui qui oblige chaque propriétaire à laisser passer par ses parcelles de terre les autres habitants, qui peuvent ainsi accéder à leurs propriétés.

Les impôts

Les impôts étaient lourds : la redevance ecclésiastique avec la dîme, les impôts royaux avec la taille et le vingtième, les droits seigneuriaux.
Pour payer ces impôts beaucoup d'habitants passaient en Espagne une partie de l'année ou prenaient des animaux en gazaille.

La justice

Les pouvoirs de justice des consuls sont difficiles à préciser. Bien qu'ils affirmaient "porter livrée consulaire", il ne semble pas qu'ils aient eu le privilège de la justice criminelle, qui était dévolue au juge royal d'Aspet. Ils devaient avoir des pouvoirs de police que l'on qualifie aussi de "basse justice". Pour ce faire, ils étaient assistés d'un bayle, jadis délégué du seigneur, en fait agent consulaire.
Les seigneurs, eux, revendiquaient la justice criminelle. En 1639, lors de la vente du domaine royal, ils crurent la posséder et établirent des juges locaux. Il fallut plusieurs procédures et des arrêts "du Roi en son conseil" pour confirmer les pouvoirs du juge royal d'Aspet.

La vie quotidienne

La vie quotidienne à Juzet nous est connue par les récits de Louis de Froidour et les rapports des contrôleurs du vingtième.
Tout au long du Moyen-Age, la pauvreté, la misère, les épidémies et autres fléaux sévissent dans tout le Comminges.
Les "remontrances au Roi" des Etats de Comminges font état de cette misère et de cette pauvreté qui frappe le pays. C'est la conséquence de la disette, des guerres, mais aussi du refroidissement général qui, au XIVe  siècle, a considérablement aggravé la situation.
Des épidémies sévissent. La Peste noire apparaît en 1348. Elle reparaît en 1361 et semble passer à l'état endémique. Plus tard, en 1694, c'est la peste bubonique qui ravage Aspet et la région. Les registres d'état civil montrent un nombre important de décès à Juzet. Le Pouillé de 1387 fait état d'une dépopulation : à Sainte-Anne des Ares, il note "duo parrochiani". A Malvezie, "inhabitabilis ex toto". Il est sombre quant à l'avenir.
Au début du XVe siècle, on trouve cependant une certaine reprise de la démographie.

Le niveau de vie

Louis de Froidour passe à Aspet et dans la région en 1667. Il déclare à l'évêque de Comminges que "estant venu dans le pays le plus sauvage qui soit au monde et parmy le peuple le plus grossier, le plus brutal et le plus incapable de discipline, il avait surmonté toutes les difficultés de l'aspreté du pays et des moeurs des peuples". C'est charmant !
Il est certain que le niveau de vie n'était pas très élevé. Les maisons sont pauvres. A l'origine c'était la grange-étable. Les murs sont en torchis et colombages. Le toit est couvert de chaume ou de bardeaux. Le sol est de terre battue. La porte est double contre le froid. Bien souvent il n'y a pas de fenêtres. Bêtes et gens y vivent en communauté. Cet état persistera longtemps. Le mobilier n'est pas riche, si l'on se rapporte aux inventaires des notaires après décès.
Le niveau culturel est pauvre. Peu d'actes de mariage sont signés des deux époux. Charles Higounet pose la question du niveau culturel des seigneurs. Il est difficile d'y répondre, mais en regardant le testament de Pierre d'Ustou (1626), on ne peut que remarquer la calligraphie presque moderne de sa signature, contrastant avec celles des témoins.

Une vie en autarcie

Il est frappant de constater la vie en autarcie de Juzet. Pour survivre, quatre types de ressources s'offraient aux habitants : l'agriculture, la forêt, l'élevage et le commerce avec l'Espagne.
D'après les rapports des contrôleurs du vingtième de 1793, les propriétés totalisaient deux ou trois arpents, en additionnant les diverses parcelles qui sont en général de cinq à six mesures (l'arpent de Comminges valait 1,4 hectare et la mesure 1/18 d'arpent, soit 7,7 ares). Les terres de La Molette s'élevaient, elles, à 107 arpents, dont 50 de "terres nobles", qui ne payaient pas la taille. Le domaine de La Molette représentait environ 1/4 des terres de Juzet. Les travaux sont effectués à la main ou avec l'aide de bœufs. L'usage de la charrue en bois persistera jusqu'au XIXe siècle.
Le froment vient en tête, puis le seigle et le millet, l'avoine et l'orge. Le maïs apparaît à la fin du XVIe siècle, le haricot au XVIIe et la pomme de terre fin XVIIIe.
La forêt constitue une ressource de bois. Cependant elle ne donne que le bois de chauffage et de construction. Elle n'est pratiquement pas exploitée, faute de moyens et de routes.
L'élevage était d'une importance capitale. Les prairies de fauche sont soigneusement entretenues. Le droit de vaine pâture s'est établi très tôt. Il est réglementé. De temps immémorial, les pâturages de montagne ont servi à l'élevage. Ils sont jalousement répartis entre les villages du Thou.
L'estimation du cheptel est aléatoire, bien que le Pouillé de 1387 nous renseigne sur les carnalages, donc l'élevage. Le contrôleur du vingtième de 1783 donne pour Juzet :  16 boeufs, 160 vaches, 271 brebis, 95 cochons, 31 chevaux ou mulets.
Depuis le XIIIe siècle, grâce aux traités des Lies et passeries (qui vont perdurer jusqu'à la Révolution), le commerce avec l'Espagne était possible. Bien des habitants y passaient plusieurs mois par an, ou prenaient des animaux en gazaille. Ils ramenaient ainsi un argent leur permettant de payer leurs impôts, le terroir de Juzet étant insuffisant.
Cette vie an autarcie était également la conséquence de l'état des routes. Une route romaine a existé, reliant Saint-Béat à Saint-Girons, par les Frontignes, le col des Ares et le col de Portet. Elle aurait disparu au Moyen-Age. Les routes du XVIIIe, que montrent les cartes Roussel ou Cassini, n'étaient, en fait, que des liaisons de villages à villages et souvent impratiquables certains mois de l'année. A la fin du XVIIIe Louis XVI, avec les ateliers de charité, essaya de désenclaver certaines régions. Ce n'est que le XIXe qui construira un véritable réseau routier.

La vie religieuse à Juzet

C'est au milieu du IIIe siècle que le christianisme est apparu dans le Comminges. En ce qui concerne Juzet, on a écrit qu'il fut apporté au XIIIe  siècle par les moines prémontrés de Sainte-Anne des Ares. Rien n'est moins sûr. La première mention que nous possédons d'une église à Juzet est sa taxation en 1387 dans le Pouillé.
Juzet fait partie de l'évêché de Comminges (la carte du comté et celle de l'évêché n'étaient pas superposables). Il appartenait à l'archiprêtré d'Izaut (c'est le seul lien de dépendance que nous connaissons). Les autres villages dépendaient de l'archiprêtré de Fronsac.
La vie religieuse fut toujours importante à Juzet, qui ne semble pas avoir été touché par l'hérésie cathare ni par le protestantisme.
Sous l'Ancien régime, les cures pouvaient être considérées comme des "bénéfices simples", ne comportant aucune obligation. Ce fut le cas à Juzet où Barthélémy Sauné, recteur de Juzet (de 1623 à 1656) et qui cumulait la chapellenie d'Aspet, le service complet de l'église et "six sétiers de blé et de grain par an, les foires et les offrandes".
Mis à part ce cas, les curés de Juzet ont été fidèles à leur paroisse. Ils y ont passé toute leur vie sacerdotale : entre 1623 et la Révolution on ne dénombre que cinq prêtres. Le prêtre de campagne est en général issu du peuple. Il est à la portion congrue (on dirait aujourd'hui le SMIC, "congrue" signifiant "convenable"), il est donc pauvre. Il est proche de ses paroissiens. Il n'y a aucune ingérence du curé dans la gestion communale.
L'intronisation d'un nouveau curé est un événement. Il prend possession de l'église, accompagné du notaire qui lui fait prendre de l'eau bénite, baiser le maître autel, monter à l'ambon, sonner les cloches... Tout cela est consigné à la minute notariale.
Les impôts religieux sont représentés par la dîme, les carnalages sur le croît des animaux, les prémices sur les premiers fruits. Nous en avons un exemple dans la Pouillé de 1387. Ces droits étaient partagés entre les décimateurs : 5/16 pour le seigneur de La Molette, 1/8 pour le Chapitre de Saint-Bertrand, 1/16 pour l'archidiacre de Saint-Bertrand.
Le service religieux était assuré à Arguenos et Moncaup les dimanches, lundis et jours de fêtes. A Juzet, il était assuré tous les jours. Pour expliquer cela, il faut savoir que la paroisse était assez riche en obits. La plupart avaient été constitués par les seigneurs de La Molette.
Juzet possédait une scolanie. Elle fut créée en mars 1422. Par qui et dans quelles conditions, on ne sait. Nous trouvons mention d'un Laurent Lacourt, scolain de Juzet en 1634. Cette scolanie figure dans le cartulaire de Larcher. Il ne faut pas y voir un établissement scolaire, mais bien au contraire un "bénéfice simple". En 1780, le Parlement de Toulouse précise que "le prêtre pourvu de ladite scolanie n'est point assujetti personnellement à faire le service, mais per se vel per alium clericum". Le dernier titulaire de cette scolanie, en 1786, fut l'abbé Pomian, secrétaire de l'évêché de Comminges et auteur du rapport "Le Comminges chrétien".
Nous ne pouvons pas dater la construction de l'église primitive. A-t-elle servi d'église paroissiale un temps ? Au XVIIIe siècle existait une église dont nous avons connaissance par les plans qui figurent aux archives départementales de la Haute-Garonne et par les rapports des visites de Mgr d'Astros en 1833 et 1841. Nous ne connaissons pas sa date de construction. Des rapports, il ressort qu'elle était vétuste et ne présentait aucun intérêt archéologique. Ses dimensions étaient modestes (20 m sur 7). Sa façade ouvrait sur un clocher porche carré, avec une seule cloche. Les murs étaient en mauvais état. Elle était composée d'une nef unique, avec à gauche une seule chapelle sous la dédicace de Notre-Dame. Il n'y avait pas de voûtes, mais un plafond peint. Le maître-autel était en marbre, la table de communion en bois peint. Le sol était couvert d'un plancher.
Elle était située au niveau de l'entrée actuelle du cimetière, ce qui nous permet de dire que le cimetière existe là depuis longtemps.
L'église actuelle est sous la dédicace de Saint Germier. Le cartulaire de Larcher en 1768 donne la même dédicace pour l'église antérieure. Mais dans le testament de Pierre d'Ustou (1626), dans divers actes notariés de l'Ancien Régime, ainsi que dans le Comminges chrétien du chanoine Pomian, en 1788, on trouve la dédicace de Saint Event. Qui était "Saint Event" , dont la Légende dorée, les Bollandistes, le Propre diocésain ne parlent pas ? Pourquoi deux dédicaces ? La question reste ouverte.
Cette église était vétuste et les tremblements de terre de 1855-56 ont considérablement endommagé l'édifice. En 1860, le conseil municipal, après un référendum dans la commune, vota sa démolition et sa reconstruction, avec les mêmes pierres, sur un terrain communal situé le long de la nouvelle route impériale. Un architecte de Saint-Gaudens, Monsieur Castex, établit les devis et l'église fut édifiée en 1865. Coût : 22 573 francs, couvert par l'Etat pour 10 000 francs, 11 000 francs par une souscription dans le village, le reste par la fabrique et la commune. L'abbé Lamolle, curé de Juzet, en prit possession la nuit de Noël 1865. Le clocher fut terminé en 1874.
Cette église a cependant connu deux alertes en 1893 devant de grosses lézardes dans la façade et le clocher. Il fallut déposer la flèche et les cloches. La façade fut reconstruite en 1901. En 1923, des lézardes se produisirent dans la voûte, nécessitant sa réfection et la mise en place de tendeurs. Enfin, en 1975, dernière restauration par l'abbé Oustau.

L'église paroissiale


Nous ne pouvons pas dater la construction de l'église primitive. A-t-elle servi d'église paroissiale un temps ? Au XVIIIe siècle existait une église dont nous avons connaissance par les plans qui figurent aux archives départementales de la Haute-Garonne et par les rapports des visites de Mgr d'Astros en 1833 et 1841. Nous ne connaissons pas sa date de construction. Des rapports, il ressort qu'elle était vétuste et ne présentait aucun intérêt archéologique. Ses dimensions étaient modestes (20 m sur 7). Sa façade ouvrait sur un clocher porche carré, avec une seule cloche. Les murs étaient en mauvais état. Elle était composée d'une nef unique, avec à gauche une seule chapelle sous la dédicace de Notre-Dame. Il n'y avait pas de voûtes, mais un plafond peint. Le maître-autel était en marbre, la table de communion en bois peint. Le sol était couvert d'un plancher.
Elle était située au niveau de l'entrée actuelle du cimetière, ce qui nous permet de dire que le cimetière existe là depuis longtemps.
L'église actuelle est sous la dédicace de Saint Germier. Le cartulaire de Larcher en 1768 donne la même dédicace pour l'église antérieure. Mais dans le testament de Pierre d'Ustou (1626), dans divers actes notariés de l'Ancien Régime, ainsi que dans le Comminges chrétien du chanoine Pomian, en 1788, on trouve la dédicace de Saint Event. Qui était "Saint Event" , dont la Légende dorée, les Bollandistes, le Propre diocésain ne parlent pas ? Pourquoi deux dédicaces ? La question reste ouverte.
Cette église était vétuste et les tremblements de terre de 1855-56 ont considérablement endommagé l'édifice. En 1860, le conseil municipal, après un référendum dans la commune, vota sa démolition et sa reconstruction, avec les mêmes pierres, sur un terrain communal situé le long de la nouvelle route impériale. Un architecte de Saint-Gaudens, Monsieur Castex, établit les devis et l'église fut édifiée en 1865. Coût : 22 573 francs, couvert par l'Etat pour 10 000 francs, 11 000 francs par une souscription dans le village, le reste par la fabrique et la commune. L'abbé Lamolle, curé de Juzet, en prit possession la nuit de Noël 1865. Le clocher fut terminé en 1874.
Cette église a cependant connu deux alertes en 1893 devant de grosses lézardes dans la façade et le clocher. Il fallut déposer la flèche et les cloches. La façade fut reconstruite en 1901. En 1923, des lézardes se produisirent dans la voûte, nécessitant sa réfection et la mise en place de tendeurs. Enfin, en 1975, dernière restauration par l'abbé Oustau.
 

La tourmente révolutionnaire

La Révolution française a marqué un changement considérable au plan social, économique et religieux.
En vue de la réunion des Etats généraux, des cahiers de doléances furent établis dans chaque paroisse. Les cahiers de Juzet ont été égarés, mais l'abbé Dumail a retrouvé et publié ceux d'Arguenos. Il s'en dégage un immense espoir dans des réformes financières et fiscales, dans une meilleure organisation de la justice. Enfin, ces cahiers demandent une nouvelle répartition de la dîme, assurant un revenu décent aux curés.
Après la création du département de la Haute-Garonne, en janvier 1790, des conseils municipaux et des maires furent nommés chaque année, sur une liste de notabilités. Matthieu Faulin fut nommé en 1790. Jean-François Cazes lui succéda en 1791. Les registres d'état civil sont désormais tenus par les maires. A Juzet, le premier acte est daté du 24 janvier 1793. Mais durant toute l'année 93, l'abbé Compans, curé de Juzet, continue à tenir les registres, qui sont ainsi établis "en double minute". Les maires étaient sans doute peu habitués à ces tâches et l'abbé Compans est venu à leur aide. Après sa disparition, les registres sont plus ou moins bien tenus, si l'on en croit un jugement du tribunal de Saint-Gaudens (3 ventôse an III = 21 février 1794) qui constate le désordre qui y règne.
La tourmente révolutionnaire fut particulièrement dure pour l'église. L'abbé Compans, curé de Juzet, comme la plupart des prêtres du Comminges, prêta serment à la constitution civile du clergé. L'acte existe aux archives municipales, et la légende veut que, au moment de la prononcer, l'abbé Compans se soit enfui dans les bois de Cagire et fut rattrapé par la population. Etait-ce par "esprit républicain" ou pour mettre ce prêtre, fort aimé à Juzet, à l'abri de poursuites éventuelles ?
A Juzet, il y avait un prêtre obituraire, l'abbé Simon Cazes. Il refusa de prêter serment civique. Ses biens furent confisqués et il mourut en déportation. Le curé d'Arguenos, l'abbé Ferran, se rétracta et fut déporté.
Malgré les persécutions religieuses, l'abbé Compans continue d'exercer son ministère jusqu'au 12 janvier 1794. Après cette date nous perdons sa trace. Selon Castillon d'Aspet, il aurait été arrêté et incarcéré. Nous n'en avons pas retrouvé confirmation. Nous n'avons pas son acte de décès.
Deux autres prêtres vont exercer à Juzet. L'un est le citoyen Lauran Gastou -Messidor an III = 23 juin 1794). L'autre est le citoyen Mistrot (Messidor an VIII = juin 1799). Tous deux ont prononcé le serment de haine à la Royauté. Nous ne les retrouvons pas après le Concordat parmi le clergé diocésain. C'étaient sans doute des prêtres constitutionnels.
Les sentiments religieux étaient cependant solides à Juzet, où parfois des offices se célébraient, malgré l'interdiction officielle.

La vente des biens nationaux

La vente des biens nationaux eut lieu entre 1791 et 1796. Les terres d'obit furent vendues 5 223 livres à plusieurs acheteurs, dont l'abbé Compans, à l'exemple de beaucoup de prêtres commingeois qui se portèrent acquéreurs afin de protéger ces biens. Le domaine de La Molette et ses terres furent vendus en 1793 pour la somme de 52 400 livres. Le presbytère fut vendu en 1796, en bloc avec ceux d'Aspet, Arguenos, Izaut, Encausse pour 15 953 francs.

La vie quotidienne

Il est possible de suivre la vie quotidienne à Juzet par l'étude des registres municipaux. La fête de la Fédération donne lieu à une grande manifestation patriotique. En 1792, c'est l'organisation de la garde nationale. Jean Buc en est capitaine.
Il existait à Aspet un club des Jacobins, animé par les citoyens Sourieu et Sancerin. Ce dernier était redouté et vint à Juzet pour procéder à l'épuration des fonctionnaires publics et organise un comité de surveillance. Le conseil municipal fut confirmé par les applaudissements unanimes des habitants de Juzet réunis à cet effet dans l'église (re-baptisée Temple de la Raison). Mais depuis cette date, les registres municipaux sont très riches en demandes de certificats de civisme... que le maire délivre sans aucune hésitation.
Il existe un texte de l'An II qui est une réquisition concernant le salpêtre. Il y est dit "qu'en cas de retard ou de refus des officiers municipaux dans l'exécution des mesures prescrites, ils seront dénoncés au comité de salut public et à l'agence révolutionnaire des poudres pour être livrés à la vengeance des lois".
Ailleurs, ce sont les resquilleurs : ceux qui distribuent des faux assignats : un habitant de Juzet est écroué le 15 ventôse an III. Ce sont également ceux qui s'approprient illégalement des terres. La maire, J. Ruau, est obligé d'en appeler à la justice en nivôse An X (janvier 1803).
La Révolution française; par son grand changement, a-t-elle atteint son but à Juzet ? Les droits seigneuriaux, la dîme, sont abolis et 1/4 des terres changent de main, hélas souvent pour des investisseurs étrangers. Cependant avec la notion d'indépendance, elle aura marqué un grand tournant.

Juzet à l'époque contemporaine

C'est après la Révolution que Juzet sort de sa vie en autarcie et fait son entrée dans la vie moderne.
Sous l'Ancien Régime, Juzet était administré par des consuls. Il l'est actuellement par un conseil municipal de 11 membres. Entre les consuls de jadis et les maires, il y a eu continuité dans la gestion communale. Comme leurs ancêtres, les maires, s'ils ne convoquaient pas d'assemblées générales, devant des problèmes importants, faisaient participer au conseil des notables du village Les registres municipaux témoignent du travail accompli par ces élus.
La reprise du culte, avec le Concordat, va imposer à la municipalité de prendre en charge une partie du traitement du curé, de réparer l'église, avant de la reconstruire en 1865. En 1803 un prêtre est nommé à Juzet, c'est l'abbé Moulong. L'abbé Dencausse lui succédera en 1806.

L'instruction publique

La Révolution française ne réalisa rien de concret dans le domaine de l'instruction publique. Au début du XIXe siècle un bénévolat se mit en place à Juzet. Durant les mois d'hiver des gens dévoués apprenaient à lire, à compter, plus rarement à écrire. Il faut citer le nom de ces bénévoles : Boursier, Cazes, Suberville, Tapie. En juin 1833, le conseil municipal décide la création d'un poste d'instituteur et de participer à son traitement. En 1834, Monsieur Daffos est nommé instituteur. Monsieur Narthus lui succède en 1871. L'école fut logée dans diverses maisons particulières, parfois insalubres. Il fallut attendre 1899 pour voir ériger l'école actuelle dans le même bâtiment que la mairie (coût 26 280 francs). La grille sur la route avec son grand portail date de 1909.

Routes et équipements

Le désenclavement de la vallée du Thou est certainement une des grandes réalisations du XIXe siècle. La route Saint-Martory - Saint-Béat était en projet depuis 1813. Il fallut attendre le Second Empire pour voir sa réalisation avec un tracé redessiné depuis Buret et traversant Juzet au dessous de la route existante. Le XIXe a donc déplacé l'axe du village : la route à un niveau plus bas, l'église reconstruite à ce niveau, puis la mairie et l'école. Tout cela forme un nouveau centre du village. Quant à l'ancienne place du village, elle a conservé son nom et domine cet ensemble.
Pour compléter cet ensemble routier, en 1968 fut ouverte la route qui relie Juzet à Izaut.
L'alimentation en eau potable a toujours été un problème. Il fut résolu en plusieurs étapes. En 1874, l'eau de Plaède est captée, mais les buses en poterie sont défectueuses. C'est en 1902 qu'un système d'adduction à partir de Plaède est mis en place : deux bassins de captage, sept bassins coupe charge, un réservoir en amont du village, six branchements dans le village. Ce n'est qu'en 1960 que l'eau du Job sera captée et que les habitants de Juzet bénéficieront de l'eau courante dans les maisons.
Le Thou ne fut pourvu que tardivement de l'énergie électrique, en 1929. Mais Juzet, du fait de tractations difficiles avec la société "La Valentinoise", ne fut branché au réseau qu'en 1931. L'éclairage communal fut réalisé en 1960.
Par contre, Juzet eut en 1912 son premier abonné au téléphone, date à laquelle une recette PTT y fut installée.
Juzet ne fut pas épargné par les fléaux.

La population

La mortalité infantile était importante : 37  % au XVIIIe siècle, 36 % au XIXe.
En 1865 apparaît le choléra qui remonte la vallée du Job. Le premier cas survient à Juzet le 27 septembre, tuant le garde champêtre. Entre le 27 septembre et le 26 octobre, on dénombre 32 morts. Le choléra gagne ensuite les autres villages du Thou (Arguenos, 12 morts).
Juzet a payé tribut à la guerre de 1914-1918 : 15 morts.
Il est difficile de chiffrer la population pour les époques antérieures à 1830, date des premiers recensements. Une chose est à remarquer, c'est la stabilité des familles. Dans les actes du XIVe ceux du XVIIIe, de la Révolution et même du XXe, nous trouvons les mêmes noms : Faulin, Cabiro, Cazes, Tapie, Latour...
D'après les registres ecclésiastiques, il y avait 460 habitants en 1761. En 1793, le rapport du contrôleur du vingtième donne 527 habitants.
Au XIXe siècle nous trouvons : 1831 : 903 ; 1836 : 940 ; 1881 : 715.
Au XXe siècle : 1900 : 560 ; 1911 : 404 ; 1929 : 382 ; 1940 : 277 ; 1982 : 222 ; 1982 : 229 ; 1990 : 202.
Cette population, qui avait connu un essor vers le milieu du XIXe siècle a considérablement diminué au cours des cent dernières années.
Certes, le terroir de Juzet était insuffisant pour nourrir une telle population. Comme autrefois lors du commerce avec l'Espagne, bien des gens quittaient Juzet certains mois de l'année. C'était le colportage qui parfois touchait 25 % de la population du Thou. C'était aussi l'expatriation définitive, avec plus ou moins de bonheur.
Mais tout ceci n'explique pas l'exode actuel vers "un mieux vivre".

Les documents utilisés pour écrire l'histoire de Juzet-d'Izaut doivent être examinés en eux-mêmes, mais également confrontés aux grands événements de l'Histoire générale. Nous voyons alors que l'histoire de Juzet s'intègre parfaitement dans le cadre des données généralement admises. Elle est celle d'un village du haut Comminges, et elle reproduit l'image de la France profonde, la France paysanne.
 

Le pic de Cagire

Bulletin n° 9 : quelques textes sur Cagire

Le pic de Cagire culmine à 1912 mètres. Il est, en quelque sorte, l'emblème du pays. Son air majestueux, quand on regarde les Pyrénées depuis la plaine de la Garonne, vers Saint-Gaudens, attire immanquablement le regard.
Le lever du soleil depuis le pic est un enchantement.
On peut accéder au Pic par plusieurs itinéraires. Le plus court est celui qui part du village de Juzet. Il est conseillé de partir lorsque le jour se lève : la forêt de hêtres est alors magnifique.
Nous empruntons la description qui suit à un triptyque édité par le SIARCA.
En haut du col de Buret, on peut emprunter la route forestière qui mène à La Couage, en un quart d'heure de voiture. A la cabane de La Couage, prendre le sentier entre deux routes forestières. Montée (d'une heure) par une piste d'exploitation. Suivre le sentier qui passe entre deux rochers puis redescend de quelques mètres jusqu'à la cabane dite "de Juzet". On aperçoit des abreuvoirs, souvent à sec l'été (il est donc conseillé de prendre, au départ, une provision d'eau).
Le sentier repart plein sud, monte vers un petit bois, puis serpente dans l'herbe pour aboutir à un large col. Il passe ensuite en contrebas de la ligne de crête. On passe devant une petite niche-oratoire dans le rocher et un petit gouffre (attention par temps de brume !). On atteint enfin le sommet du Cagire (une heure et demie depuis la cabane). Un peu en contrebas, une Croix domine la vallée (il y en avait déjà une avant la Révolution !).
Très belle vue panoramique sur le Comminges, les Pyrénées ariégeoises, la Maladetta, les montagnes du luchonnais.
 

Carte IGN Série bleue 1947 Ouest Aspet. Balisage : jaune et rouge.