|
Le Cagire (Saint-Gaudens 1862)
Cagire, mon beau pic, resplendit ce matin,
Fier dans son burnous blanc, comme un fils de l'Hégire,
La Garonne, en chantant, traîne son bleu satin.
Puisque ton coeur aspire au ciel napolitain,
Viens frapper de ta voix les échos de Cagire !A ton appel, les deux superbes messagers,
Deux grands aigles prendront nos âmes sur leurs ailes !
Et nos rêves, ce soir, célestes passagers,
En s'enivrant d'azur sous les frais orangers,
A Naples vogueront sur des flots d'étincelles.Mais pourquoi, jeune fille, ô blanche fleur d'avril,
Pourquoi tant réclamer cette plage lointaine ?
A l'ombre du Cagire, oh ! que nous manque-t-il ?
Les soleils les plus purs sont ternis par l'exil :
Notre Garonne vaut la mer napolitaine.Le ciel italien ? Mais lorsque tu souris,
Tes grands yeux, que l'amour de l'idéal enflamme,
Ont l'éclat de ce ciel ardent que tu chéris !
Le parfum virginal des orangers fleuris,
Moi je crois le sentir en respirant ton âme.